Publicité

L’ethno-stratégie

26 août 2010, 08:11

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

On peut, voire on doit s’interdire d’ethniciser tous les problèmes qu’on rencontre. Car il serait dangereux et contre productif de toujours référer à l’ethnique, et encore pire : à l’interethnique, les difficultés des uns ou les attitudes des autres. Car il y aurait là le risque d’armer une ethnicité contre une autre. Reste que la plus authentique des aspirations citoyennes et la plus rigoureuse des laïcités ne peuvent faire l’impasse sur le fait qu’une nation comprend des groupes divers et que ces derniers sont spécifiés par des traits relevant du concept d’ethnicité. À partir de là, que fait-on ?

On peut décider de se rendre aveugle aux différences et de s’intéresser uniquement à ce que ces concitoyens veulent bien se reconnaître mutuellement comme traits communs. Dans un pays comme Maurice, de l’acceptation générale des règles de notre démocratie à la convergence actuelle des schémas de consommation, en passant par les équipes favorites de football anglais et en tenant compte des relations qui se tissent pendant la scolarité et au travail, on peut dire qu’il existe, hors ethnicité, un assez large terrain de rencontre entre Mauriciens. Il n’en reste pas moins – et cela se cristallise pendant les trois semaines précédant des élections générales – que les quelque un million et deux cent mille compatriotes/ concitoyens mauriciens sont aussi porteurs de traits ethniques qui les spécifient par rapport, parfois, à leurs meilleurs amis, cela les rendant aussi symboliquement solidaires de personnes qu’ils ne connaissent même pas.

Le pire que l’on puisse faire de nos inévitables ethnicités – et les politiciens s’y livrent hélas parfois -, c’est de les opposer les unes aux autres. Le mieux, en revanche, serait de tenter de les comprendre, de les mettre à plat, d’entreprendre des recherches – à quand un département d’anthropologie à l’université de Maurice ? – pour mieux entrevoir comment les mettre au service d’enjeux citoyens et nationaux.

Comprendre. Pas seulement pour combattre la pauvreté. Peut-être aussi pour concevoir des programmes scolaires mieux adaptés, des préparations à la vie de couple et de parents mieux ciblées. Si ce n’est des produits bancaires mieux chevillés aux valeurs réelles des emprunteurs.