Dans le milieu des médias, l’affaire provoque des haut-le-cœur. La décision de l’Independent Broadcasting Authority (IBA), d’interdire aux radios privées d’ouvrir leurs antennes aux auditeurs (les phones-in programmes) sur des sujets politiques jusqu’à la tenue des élections municipales, est loin de faire l’unanimité. Bien au contraire. Ce lundi 26 novembre, une rencontre entre les responsables de ces radios et les représentants de l’IBA n’a rien donné de concret. Cette dernière instance demandant seulement aux radios privées de soumettre leurs propositions par écrit.

On peut comprendre le souci de l’IBA de garantir l’équité des débats sur les ondes. On peut également comprendre que certains auditeurs ne font pas l’économie d’interventions partisanes et qu’à ce titre, il y a une crainte que des propos disproportionnés ne soient lancés sur les antennes. Cependant, les radios privées assurent disposer de freins pour éviter des incartades. Notamment le Broadcast Delay.

C’est toute la posture de l’IBA qui interpelle aujourd’hui. Dans les grandes démocraties, le public participe au débat politique et électoral de manière libre. A Maurice, cette tentative de le priver de la parole sur les radios privées témoigne d’un parti pris qui rend compte d’un besoin de manipulation. Il est vrai que, quelque part, ce sont toujours les mécontents qui se manifestent sur les radios. Et la critique de l’action gouvernementale est flagrante. C’est quelque chose qui est tout à fait normale. Pourquoi donc avoir peur de cette parole critique? Serait-elle justifiée? Les quelques auditeurs qui interviennent à la radio peuvent-ils influencer les résultats d’une élection?

Ce ne sont pas les seules questions qui se posent. Il y a aussi le fait de savoir quel rôle on accorde à la télévision publique nationale. A ce jour, elle a été amenée à jouer un rôle de caisse de résonance en faveur des gouvernants. De manière éhontée, la Mauritius Broadcasting Corperation (MBC) ne fait qu’encenser les gouvernants. Que ce soit sur ses différentes radios ou chaînes de télévision, jamais la MBC ne propose d’émissions qui pourraient ouvrir la voie à des diatribes contre le gouvernement du jour.
Un gouvernement qui est sûr de son action n’a pas peur de critiques. C’est la seule vérité que nous retiendrons.