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L’obsession de Singapour

8 janvier 2013, 15:05

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Dans des domaines très variés, nos dirigeants disent vouloir appliquer le modèle singapourien. Cette manie de copier indistinctement la cité-État peut être dangereuse.

Il existe des questionnements sur son modèle démocratique et social. Singapour a beau être un modèle de prospérité, il reste néanmoins une démocratie autoritaire, avec la même famille au pouvoir depuis l’indépendance. La liberté de parole et la liberté d’association y sont fortement réprimées.

De la distribution d’eau potable au métro léger en passant par la carte d’identité nationale, le pays s’empresse de faire appel aux «compétences» singapouriennes. A tel point qu’un observateur averti faisait remarquer récemment que si le Board of Investment n’a su attirer l’investissement singapourien à Maurice, en revanche, notre pays a offert beaucoup de contrats lucratifs à Singapour.

Le plus intrigant c’est la commande passée aux Singapouriens pour effectuer une étude sur la distribution d’eau à Maurice.

Le Premier ministre concédait lui-même, dans son message du Nouvel an qu’il a demandé à Singapour, «ene pays ki importe di l’eau», de nous conseiller sur la production et la distribution d’eau. Le rapport des étrangers est prêt. Leur recommandation principale, semble-t-il, est de remplacer les canalisations qui fuient et qui sont responsables de la perte d’environ 50 % de l’eau produite par la CWA. Il est tout de même étonnant que les ingénieurs de ce département parapublic n’avaient pas réalisé cela !

Quant à la fabrication des cartes d’identité nationale, le pays a choisi d’octroyer le contrat aux Singapouriens, parce qu’à Singapour, «il n’y a pas de corruption», avait tenté d’expliquer le Premier ministre au Parlement. Il a justifié ce choix lors de son intervention sur le budget. Son ministre des TIC n’avait pu expliquer, quelques semaines plus tôt, pourquoi le gouvernement avait annulé deux appels d’offres, pour finalement choisir Singapour au double du prix offert par le soumissionnaire initial. En fin de compte nous allons payer une carte d’identité à Rs 1 200 la pièce.

Dernier détail qui pourrait expliquer l’enthousiasme des dirigeants locaux pour Singapour : au tableau de liberté de la presse, ce pays occupe la 135e place sur 179 selon l’ONG Reporters Sans Frontières.