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La belle comédie

30 août 2012, 08:32

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C’est ainsi que nombreux de Mauriciens racontent leurs réveils.

Une aventure. Non, une séquence de gestes qui participe de la nomenklatura. C’est ainsi, qu’il concevait sa journée en ouvrant les yeux sur son lit.

Il la voulait différente cette journée. C’est vrai, autour de lui, on allait consacrer sa journée à décrypter tout ce qui se passe dans son pays et dans le monde.

On allait tout expliquer. Redresser l’axe du monde au quotidien. Certains ont cette prétention. Ou au mieux, une ambition légitime. Ce sont les décideurs.

Ce sont ceux qui décident que, ce qui est décidé, est bien ou non. Ou encore ceux qui, n’arrivant pas à tout comprendre, finissent par tancer qu’il n’y a qu’une vérité.

Au fond de lui, il sait que la journée est programmée.

Il faut obéir à une sonnerie. Se mettre en marche. Produire, être réactif, être proactif, justifier «sa journée». Il sait qu’il peut le faire. Et, il le fera, comme il l’a fait jusqu’ici. C’est une même dramaturgie.

On est dans le mode de l’itératif. Ce qui est bien dans ce monde, c est qu’il permet une grande illusion. Que chaque jour, est un jour nouveau. Or, dans la mise en scène, on est dans une théâtralité, qui nous fait croire que les choses changent.

Gros Derek, élections locales qui ne se tiennent pas, scandales, autres faits divers, petits palabres au bureau, embouteillages, grandes interrogations de couple, hausse quotidienne du coût de la vie, consultants gourous étrangers qui viennent lui apprendre comment réfléchir, ces politiques qui s’entre-déchirent, ces hommes d’affaires qui disent qu’on ne les protège pas de la crise économique et ces syndicalistes qui estiment qu’on ne prend pas en compte les intérêts des salariés. Ce monde ne serait-il qu’un perpétuel recommencement ?

Il n’a plus le temps de se poser ces questions. Il y a un jeu qui est en place. Celui, qui, n’y participe pas, est hors du jeu. Il faut donc se hâter. Etre à l’heure.

Etre à la bonne place. Etre docile. Faire croire à ceux, qui se croient importants, qu’ils le sont vraiment.

Accepter de voir du sens là où il n’y en a pas.

Il faut bien faire tout cela. Sinon le mois prochain, il risque de ne pas avoir sa fiche de paye.

Pourtant, il aurait aimé passer sa journée à ne rien faire. Ou plutôt, se consacrer à une balade dans un parc, prendre un bouquin et se donner l’orgasme de la lecture, paresser devant sa télé à regarder des émissions qui n’ont aucun sens.

Cependant, on est dans une époque où tout est supposé avoir du sens. Alors, il a choisi de faire croire qu’il participe à cette comédie. Il s’est levé, mais sa tête, son esprit, ses facultés intellectuelles sont restés sclérosés.

Il, c’est une majorité d’entre nous

 

Nazim ESOOF