Les marketeurs et professionnels de l’événementiel sont aux anges. L’apocalyptophilie ambiante leur a permis de vendre leurs produits, de redynamiser leurs marques et de remplir des salles de spectacles et night-clubs. Toutefois, si la planète est toujours plus ou moins dans le même état avant et après le 21 décembre, on ne peut pas en dire autant de notre monde politique.

Plusieurs secousses souterraines ou apparentes ont et vont changer considérablement le fonctionnement de notre médiocratie. Pas toujours pour le meilleur…

Les récentes élections municipales nous ont donné l’occasion de constater à quel point les technologies de l’information et de la communication ont chamboulé le déroulement de la campagne.

En effet, quasiment tous les téléphones portables peuvent faire office d’enregistreurs son et images.

Une simple connexion à Internet permet désormais de partager la vidéo enregistrée, ou la photo prise, avec des milliers de personnes, sur Facebook par exemple.

C’est ainsi sur Facebook que la fibre humanitaire d’Arvin Boolell a été révélée au grand jour. A grand renfort d’images le montrant en train de s’affairer non loin de sa désormais célèbre cargaison de macaronis pour les démunis de Curepipe. Par ailleurs, c’est grâce à une vidéo postée sur Youtube qu’on a découvert que certains koler lafis de l’alliance PTr/ PMSD étaient peut-être des ouvriers étrangers.

Lors de prochaines campagnes électorales, les politiques seront amenés, à leur corps défendant, à policer leurs langage et comportements publics.

Car une discrète distribution de Tempo dans une localité isolée peut désormais être vue une dizaine de milliers de fois sur Youtube. Des propos sectaires et injurieux dits dans le cadre rassurant et restreint d’une réunion nocturne de quartier, peuvent, eux, être enregistrés et diffusés largement sur toutes les rdios. Grâce au concours d’un auditeur qui aura appuyé sur la touche « rec » de son téléphone.

De manière plus surprenante, c’est un autre tabou qui semble avoir volé en éclats avec l’irruption - grandement facilitée par les responsables du « Remake » – de Nandanee Soornack sur la scène publique. Un pan du pacte des loups unissant notre classe politique repose entièrement sur la règle selon laquelle les politiques ne doivent pas chercher à marquer des points sur l’adversaire en se servant d’éléments de vie privée.

Or, ce principe de non-agression semble avoir été battu en brèche. En théorie, cela peut augurer d’un déballage chronique des turpitudes affectives de membres importants du gouvernement… comme de l’opposition. Car les incartades sont et ont été nombreuses. Mais se posera alors une autre question : notre écosystème politique, déjà peu majestueux, sombrera-t-il alors totalement dans la médiocrité. C’est probable…

S’il n’a pas sombré, Navin Ramgoolam ressort néanmoins esquinté des élections municipales.

Celles-ci marquent l’arrêt symbolique d’une suite de victoires électorales nettes enregistrées depuis la partielle de décembre 2003 et l’entrée au Parlement de Rajesh Jeetah. Le monde a bien changé en cette fi n 2012 ; avec Bérenger qui prophétise la fin d’un

Ramgoolam vengeur qui promettait, il y a encore trois ans : « mo pou fini MMM. »

L’un n’éradiquera probablement pas l’autre. Sans doute parce que Ramgoolam saura encore une fois jouer de la « loyauté » de ses adversaires à son avantage.

Dès fi n 2008, il avait ainsi contracté une alliance tacite avec l’opposition loyale de l’époque, le MSM, pour remporter in absentia la partielle de Moka/Quartier-Militaire en mars 2009. Cette semaine, c’est une autre alliance – peu importe si Eric Guimbeau dit le contraire – qu’il a scellée avec le MMSD afin d’offrir le contrôle in virtualis de la Mairie de Curepipe au gouvernement.

C’est grâce à une fi n de monde que Ramgoolam a réussi ce coup. Celle-ci se caractérise par l’opportunisme exacerbé de nos politiques. Qui sont désormais capables des pires retournements de veste pour percer ou continuer à exister sur la scène politique. Ces comportements-là, survivront à bien des fins du monde.