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La guerre calculée

10 mars 2014, 06:50

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Bientôt, le PM nous fera croire que c’est la presse qui a inventé l’affaire D.Y. Patil (institution qui opère en toute transparence, qui n’a besoin d’aucune intervention ministérielle, et encore moins de rendre «happy» celui-ci ou celle-là). Bientôt, le PM nous fera croire que la presse a inventé les fissures, crevasses et éclatements du mur de la Ring Road. Bientôt, le PM nous fera croire que c’est la presse qui retarde la réforme électorale. Tout cela, parce que les journalistes, selon lui, veulent démontrer que le gouvernement n’est pas bon.

 

À Pointe-aux-Piments, mercredi dernier, Ramgoolam nous a rejoué son disque préféré, mais tellement rayé : il s’en prend aux médias, dénonce les «gros capitaux» derrière les journaux, parle d’une presse anti-travailliste, donne quelques leçons aux journalistes (ce métier, semble-t-il, est facile à embrasser selon lui), les traite de saboteurs ou encore de gueulards de la République et fi nit par menacer ceux qui «pe rod la gratel». La stratégie est limpide et elle a payé dans le passé. Ramgoolam nourrit une guerre calculée pour mieux se présenter en victime et attirer le maximum de sympathie autour de lui, surtout de la part de son électorat, dont une frange, paraîtil semble attirée par les bras grands ouverts de SAJ. Celui-ci, hier encore, en conférence de presse du Remake, a accusé Ramgoolam de «couvrir» ses ministres au coeur de quelques scandales.

 

Dans quelque temps, le chef du gouvernement et ses sbires du samedi nous parleront d’une entente opposition-presse, ensuite de complot contre le gouvernement pour bien nous la jouer Ramgoolam seul contre tous, soit ces forces réunies dans le seul but de le combattre. L’on aura donc deviné, de ses mises en garde et de sa tirade de mercredi dernier, que la campagne électorale a déjà commencé : «Zot pense met dan ou la tet ki gouvernman pa bon (...) Ler eleksyon vini ou al vot kont (...) Zot pa pou ressi si ou servi ou lespri. Mo pa trouv mwa perdi ici. Ek mo sir li pou parey partou. Mo ena sondaz.»

 

Des propos qui traduisent tout, sauf la sérénité du guerrier auto-proclamé, obligé d’évoquer les sondages pour convaincre de sa force. Ramgoolam, qui a goûté à une défaite (quoi qu’il en dise) lors des dernières municipales, serait-il envahi par le doute ? Nous voici donc devant un chef, plutôt préoccupé par sa réélection (quitte à soutenir des ministres totalement incompétents) qu’à mettre de l’ordre dans son gouvernement, à rendre des comptes sur l’utilisation des fonds publics et à répondre aux vrais enjeux nationaux d’un pays qui s’enfonce chaque semaine dans un nouveau scandale.

 

Entre-temps, les semi-intellectuels, les animaux, les gueulards de la République attendent avec impatience les nouveaux termes dont ils seront affublés bientôt.

 

***

 

PS : Hier, la Journée internationale de la femme avait un goût amer. Elle a été célébrée et commémorée sur toile de fond d’une série de violences perpétrée à l’égard des femmes dont six ont trouvé la mort depuis janvier. Tuée à coups de couteau, découpée au grinder, poignardée, étranglée… L’horreur a atteint son apogée ces dernières semaines. Nous avons un devoir de mémoire envers ces femmes dont la plupart sont mortes entre les mains de leurs compagnons/maris transformés en bourreaux. Ces drames traduisent l’échec d’une société inégale et démontrent que la campagne contre la violence domestique doit être permanente. Du bureau du DPP au Conseil des ministres, en passant par l’engagement de plusieurs ONG, nous avons noté, hier, une meilleure prise de conscience pour faire avancer les conditions de la femme. Mais faut-il le redire : le combat contre le machisme n’est pas qu’une aff aire de féministes. C’est toute une guerre contre les mentalités d’une société patriarcale qu’il faut mener. Et une seule réflexion, ou une action ponctuelle uniquement à une date précise dans l’année, ne suffit pas !

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