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La loi au service de l’opacité
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La loi au service de l’opacité

C’est une nouvelle mode. Et c’est si commode. Aujourd’hui, dés qu’un projet, qu’un contrat, suscite trop d’interrogations, même les plus basiques et les plus justifiées, on sort l’argument qui permet tout : c’est confidentiel.
Le contrat entre Jin Fei et le gouvernement qui nous a valu un «cadeau» de plusieurs millions de dollars rien qu’à la signature : confidentiel. Le contrat ente Mangalore et la State Trading Corporation : confidentiel. Le contrat entre Bétomax et la même STC : confidentiel. Demain on viendra nous dire que le permis d’opération de Binani Cement est également confidentiel.
Faut-il rappeler que c’est quand même avec notre argent, celui des contribuables, que ces messieurs s’amusent à signer des contrats «confidentiels» ? C’est quand même difficile à avaler qu’on nous prenne notre argent, qu’on le dépense dans des contrats dont nous ne connaissons ni les tenant ni les aboutissants et que l’on se contente de nous dire : «C’est pour votre bien, mais c’est confidentiel.»
A trop regarder de films, on avait bêtement l’impression que ce qui était classé «confidentiel» c’était des questions liées à la sécurité de l’Etat, comme une invasion de Martiens ou une attaque terroriste. Sont aussi souvent classées confidentielles des photos compromettantes entre un président, un Premier ministre ou un ministre influent en joyeuse compagnie.
Le code pour ouvrir le coffre fort de la Banque de Maurice, le moyen de contrôler les numéros qui sortent de l’ordinateur du loto, le truc pour compter les cartes au casino, une «poulpe» pour connaître à l’avance les gagnants aux courses hippiques du Champ-de-Mars ; ça ce serait confidentiel.
Mais combien on paye pour transporter notre pétrole ? Combien on paye notre pétrole ? Combien de Mauriciens seront employés dans la zone de Jin Fei ? Ce sont des questions tout à fait légitimes et que tout gouvernement n’ayant pas peur de la transparence se ferait une obligation de communiquer.
A l’Hôtel du Gouvernement où l’on trémousse de joie à la moindre remarque vantant le «modèle démocratique» mauricien on se repaît dans l’intrigue. On y a développé le culte de l’opacité.
A ce train-là, on se demande à quoi servent l’Assemblée nationale et «nos» élus. Si eux non plus n’ont pas droit à l’information, qui pourrait le réclamer ce droit ? Ne serait-il pas temps de légiférer pour interdire les contrats «confidentiels» engageant l’Etat ou toute autre administration publique ? Quand on voit que même un ministre qui dénonçait cette opacité est lui aussi contraint au silence, on se dit qu’il doit avoir de puissantes raisons de le faire. Et on ne parle pas uniquement de raisons légales…
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