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La méthode de l’attentiste
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La méthode de l’attentiste
La mascarade a assez duré. Yatin Varma et Vasant Bunwaree ont atteint cette semaine le degré zéro de la politique. Coups bas, allusions douteuses, langage grossier et attitude belliqueuse. Les deux membres du Parti travailliste ne reculent désormais devant rien pour marquer des points l’un contre l’autre. Leur altercation au Parlement ce mardi, durant laquelle ils ont failli en venir aux mains, n’est que l’énième épisode d’une querelle
d’égo qui dure depuis 2005. Il est temps que cela cesse !
La tournure des événements indique d’ailleurs que l’épilogue de ce mauvais feuilleton est proche. Pour s’en convaincre, il faut décrypter ce qu’il se passe actuellement au Parlement. La députée Nita Deerpalsing l’a rappelé au pays cette semaine : toute question n’est pas bonne à poser au Parlement. Ainsi, elle a révélé qu’elle n’a pas été autorisée par le bureau du Premier ministre à poser une question sur la Banque de Maurice, il y a quelques mois. Alors que la semaine dernière, une telle interdiction n’a pas semblé frapper Suren Dayal.
Le bureau du Premier ministre ne laisse passer aucune question potentiellement gênante venant de ses propres rangs. Pourtant, le Premier ministre par intérim a autorisé la question de Varma à Bunwaree. Laquelle portait sur un proche du ministre de l’Education. Rashid Beebeejaun, en politique avisé, a dû voir venir le « clash » potentiel lors de cette question. Or, il n’a rien fait pour le prévenir. Il y a sans doute une raison à cela. La raison, Navin Ramgoolam la connaît. D’ailleurs, il y a fort à parier que l’arbitrage du Premier ministre a été recherché à ce sujet. Et qu’il a donné son feu vert. Pourquoi ?
La réponse est simple. Le Premier ministre peut avoir des trajectoires erratiques sur bien de dossiers. Mais sa méthode de gestion de crise est étonnamment stable. Surtout quand la crise concerne l’un de ses ministres, députés et proches. En effet, Ramgoolam, en attentiste, prend souvent beaucoup de temps avant de faire un choix. Mais contrairement à Anerood Jugnauth, il n’est pas un adepte de la guillotine. C’est donc autrement
qu’il « lâche » ses lieutenants.
Pour comprendre ce que fait Ramgoolam en ce moment, il faut se rappeler ses attitudes passées. Prenons trois cas, ceux des anciens ministres Vishnu Bundhun, Kishore Deerpalsing et, plus récemment, celui de l’ex président de la « Mauritius Ports Authority », Siddick Chady. Les révocations ou démissions de ces trois personnalités politiques sont intervenues selon la même séquence. D’abord une allégation ou une « affaire » qui éclate. Suite à quoi Ramgoolam laisse faire les choses. Et évite de prendre position. Des
questions et « Private Notice Questions » (PNQ) s’enchaînent au Parlement. L’affaire est étalée sur la place publique. A la fin de la séquence, et à la faveur d’une convocation chez le juge, d’une commission d’enquête ou d’une arrestation, le principal intéressé est soit révoqué, soit poussé à la démission.
Il est évident que ce qu’il se passe à la Banque de Maurice obéit à cette séquence. Mais la même méthode semble être en train d’être appliquée dans le différend opposant Varma à Bunwaree. En effet, avec ce qu’il s’est passé au Parlement entre les deux ce mardi, il apparait que les deux hommes ne pourront travailler ensemble dans la même circonscription. Il va donc falloir que l’un des deux soit sacrifié.
Dans l’ensemble, Vasant Bunwaree s’est révélé un ministre de l’Education progressiste et ouvert au dialogue. Par ailleurs, il bénéficie également d’une certaine assise au Parti travailliste. Yatin Varma, lui, ne peut malheureusement prétendre avoir de mêmes atouts. Il vient même de se rajouter un handicap en se donnant une image de député colérique, voire violent et insensible à la notion de cohésion gouvernementale.
C’est donc Yatin Varma qui devrait être sanctionné dans quelques mois. Il ne devra pas alors s’étonner de ne pas obtenir ce ticket pour lequel il se bat aussi âprement en ce moment. Car ainsi en aura décidé Ramgoolam.
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