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La méthode populiste

2 octobre 2009, 07:18

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Au sein d’un groupe, on se départage les rôles. Navin Ramgoolam est le rassembleur. Xavier Luc Duval est le technocrate professionnel. Rashid Beebeejaun est le symbole sans signification mais qui parvient à apaiser les désirs de reconnaissance d’une communauté qui a oublié qu’il lui est interdit de se donner des intermédiaires dans son cheminement vers son absolu. Anil Bachoo est le verbe primaire d’une ruralité qui s’accroche aux valeurs ancestrales. Sylvio Michel est la voix d’une revendication qui ne sera jamais entendue. Rama Sithanen est le magicien, le technicien qui saura apporter un peu de rationalité dans cette écurie de faux thaumaturges.

Quant à ceux que j’aurais éventuellement oublié de mentionner, ils comprendront que tout le monde ne peut pas tenir le premier rôle sinon le générique risque d’être plus long que le film.

Le film, justement, il est arrivé à un point où c’est le héros des causes perdues qui a choisi de se mettre en scène. Le seul qui, à la fois, accepte de se salir les mains, sur les ordres du metteur en scène, et aussi de se faire taper sur les doigts par ce même metteur en scène dans une séquence où chaque geste a été geste a été conçu en avance. Belle dramaturgie où il s’agira de trouver le juste équilibre entre la critique d’une institution qu’est la police et confirmer une partie de la population qu’elle fait bien l’objet d’un stigmate.

C’est là qu’intervient Rama Valayden. L’âme sacrificielle de toutes les superficialités. Prête à l’abnégation. Prête à se faire hara-kiri pour les autres. La conscience d’un assemblage sans conscience.

Rama Valayden aurait pu être l’héritier de Gaëtan Duval. Voire de Paul Bérenger. En fin de compte, il a hérité de tout… sauf du duvalisme et du bérengisme. Lorsqu’on ne peut pas être à la hauteur de ses modèles, on brûle son énergie à s’autodétruire et à conforter la place de César de ces autres qui, en d’autres temps, il aurait méprisé.

Navin Ramgoolam n’en demandait pas tant. Mais il est servi à la table des rois. Pendant qu’il disserte à son aise, Rama Valayden est toujours prêt pour la sale besogne. Il faut reprendre une partie de l’électorat créole qui croit encore en Paul Bérenger. Qui envoie-t-on à la mission d’autodestruction? Qui est volontaire pour cette nouvelle opération kamikaze? Si Navin Ramgoolam et Paul Bérenger n’ont plus rien à prouver, ce n’est le cas de tout le monde. Qui est prêt à faire la démonstration qu’il est le dernier chevalier suicidaire? Qui, parce qu’il sait qu’il n’accomplira jamais son propre destin, va se prendre pour un «king maker»?

Je crois que je n’ai même pas besoin de le nommer…

Tout est si bien calculé. Tout est si bien huilé. Lorsqu’on tient le même langage au degré zéro qu’une partie de la population, cela ne s’appelle plus de la realpolitik ou du populisme. C’est simplement une nouvelle élite qui sait faire monter à la surface de vieux fantasmes et les sentiments les plus rétrogrades qui habitent chacun d’entre nous.

Rama Valayden ne fait que projeter les frustrations, le désir de vengeance et la griserie que nous ressentons lorsque nous croyons avoir pu intervenir sur les événements.

Ramener Rama Valayden à la raison, c’est être capable de régler ses propres pulsions…