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La mauvaise foi a-t-elle des limites en politique ?

10 juin 2013, 05:40

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La mauvaise foi a-t-elle des limites en politique ?

Apparemment pas ! L’exemple MedPoint en est une illustration. Les travaillistes montrent le MSM du doigt, comme coupable, et le MSM accuse les travaillistes d’avoir ourdi un complot et d’en être les responsables. On aurait pu croire qu’il y aurait quelque avantage à être dans l’opposition dans ces moments-là ? Oh, que non ! Le MMM trouvait très sincèrement que c’était le scandale du siècle quand le MSM était au pouvoir («Zotte meme acheté, zotte meme vendé !» nous disait-on joliment) et il le pense toujours quand le MSM est à ses côtés : seuls les coupables ont changé !

 

Les élans de sincérité sont rares. A force de realpolitik, le public ne distingue plus le vrai du faux, le factice du sincère, le raisonné du manipulé. Les mots perdent leur sens : on est une démocratie, mais on n’agit pas en démocrate, on est un Etat de droit, mais ce droit n’est pas égal pour tous. Quand l’opposition s‘insurge contre le dernier voyage du Premier ministre au Japon alors qu’il revient apparemment avec un prêt pour 100 autobus neufs (on achètera désormais japonais, je me demande bien pourquoi !) ainsi qu’un radar de dernier cri technologique ; est-elle sincère ou fait-elle de la démagogie en tablant sur la mauvaise image du PM qui «voyage trop» ? Espérons en passant qu’on a ramené aussi du Japon l’expertise, la formation et l’après-service qui assurera l’opération durable de ces équipements hightech, dans ce foutu pays où l’on a tant de mal à faire fonctionner la technologie, depuis les radars – de vitesse ou de météo – jusqu’aux couveuses d’hôpitaux, depuis les scanners ICU jusqu’aux sites web gouvernementaux….

 

RÉCOMPENSER

 

Quelqu’un de sérieux peut-il affirmer que des départements de la police n’agissent pas à deux vitesses, selon que l’on est proche ou distant du pouvoir ? N’est-ce pas de la mauvaise foi par rapport à la mission d’équité et de neutralité de la police ? Il en est de même pour les permis et les accords et les contrats qui se recherchent auprès d’un Etat supposé être au service de tout le monde et de donner une chance semblable à tous. Du photovoltaïque de la famille Seetaram aux emplacements distribués dans le nouvel aéroport, de la distribution des baux de terres de l’État depuis le «festival de la terre» de Duval jusqu’à Woochit, Bangaleea et la biennommée Midas & Co Ltd, aux contrats douteux style Boskalis, où cherche-t-on et où trouve-t-on la bonne foi d’un Etat juste et équitable ?

 

ET PUNIR !

 

Au-delà de récompenser les siens et «noubanne» aux dépens des principes de base, c’est la même déchéance qui a mené à l’utilisation de l’appareil d’Etat pour, cette fois, punir ceux qui ne sont pas les caniches du pouvoir : la presse libre est boycottée justement, pour sa liberté d’opinion, que le gouvernement qualifie de complot organisé contre le pouvoir (ce qui est parfois alimenté, admettons-le, par des erreurs diverses, même si souvent faites de bonne foi). Un hôtel, le Taj, qui obtient, de manière la plus régulière au monde, une autorisation pour pouvoir vendre un certain nombre de chambres sous l’Invest-Hotel Scheme, voit celle-ci être révoquée quelques semaines plus tard parce que le pouvoir politique en place l’apprend et trouve cet hôtel trop proche des Jugnauth ! Reza Issack nous confirme ce que l’on savait déjà : l’Etat n‘est ni neutre, ni de bonne foi et protégera sa montagne aux dépens des autres. Faudrait-il que nous rejoignions tous, bientôt, «la montagne», comme les juifs assimilés, obligés de renier leurs convictions et leur religion dans l’Espagne très catholique de la fin du… XVe siècle ?!

 

LA PREUVE…

 

Cette mauvaise foi, ces mots qui perdent leurs sens, cette liberté de penser autrement qu’on invite à taire ou à au moins masquer, hypocritement, n’est pas sans conséquence ! L’absence de principes en toutes circonstances et l’évacuation de la bonne foi dans trop de raisonnements mènent la population, petit à petit, à suivre la même voie pourrie de la malhonnêteté intellectuelle. Je n’ai pas eu la promotion que je voulais : c’est le castéisme ! Je n’ai pas eu le contrat : ce sont les francs-maçons ! Un sondage note que 35 % des interviewés se déclarent travaillistes : l’express s’est vendu ! Un ancien conseiller de Bérenger, alors qu’il était PM, écrit dans l’express : c’est que le journal a basculé ! On critique le ministre Bachoo pour la CNT ou les inondations : c’est clairement du racisme ! Les exemples sont légions et inquiétants…

 

Avis à nos dirigeants politiques : vos mensonges, vos promesses non tenues, votre démagogie, votre mauvaise foi, vos accommodements, votre cynisme, vos calculs politiques, vos mascarades font tache d’huile et polluent les esprits et nous devenons rapidement un pays souffrant de schizophrénie*, voire de schizophasie** !

 

Ce qui ne nous promet pas, à l’avenir, que du plaisir…

 


*Schizophrénie : psychose caractérisée par une désagrégation psychique (ambivalence des pensées et des sentiments, conduite paradoxale), la perte de contact avec la réalité, menant au repli sur soi.

 

**Schizophasie : trouble profond du langage rencontré chez les schizophrènes et caractérisé par une dissociation totale entre le mot et son référent.