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La partition de l’absent
Quelques-uns des titres à la Une de l’express ces derniers jours : «Sithanen : situation toujours incertaine»; «Affaire Sithanen] Le couperet tombera aujourd’hui» ; «Affaire Sithanen] Ramgoolam calme le jeu». Et l’on pourrait retrouver l’équivalent chez les concurrents. Voilà un homme qu’on ne voit pas, qui n’a pas fait de déclaration depuis le 6 avril et qui, pourtant, semble occuper une place centrale dans la délibération politique du moment. Est-ce une mesure de l’envergure de l’homme ou de l’indigence du débat ? Et s’il y avait un peu des deux ?
L’envergure de Rama Sithanen, ce n’est plus la peine d’en discuter, cela ne souffre pas de discussion, sauf éventuellement pour ceux qui soutiendraient que c’est à Andrew Scott que l’économie mauricienne doit sa résilience pendant la crise post 2008. Egalement incontestable, l’indigence actuelle de notre débat démocratique ne peut manquer de nous inspirer quelques inquiétudes.
Il aurait été fort intéressant de pouvoir disposer d’un sondage, effectué avant le Nomination Day, quant aux intentions de vote, cela doublé, idéalement, d’un exercice similaire conduit après la finalisation des listes et après la publication des programmes des deux principaux blocs. Histoire de mesurer quelle est la part du vote qui est aveugle et partisane et quelle part se veut éclairée et informée. Car il ne suffi t pas d’accuser la classe politique de mépriser l’électorat, il faut aussi parfois songer à établir combien les votants s’exposent au mépris des politiciens. Tous ceux qui se disent Die Hard Labour, Disan mov, Joe ferme, ceux qu’on appelle des inconditionnels, voire ceux qui considèrent que leur profil ethnique les place immanquablement sous la bannière d’un parti quelconque, bref, tous ceux qui votent sans réfléchir sont aussi responsables de l’attitude cavalière des états-majors politiques. Quand les intentions de vote sont calées dès avant la dissolution de l’Assemblée nationale, quand les adhésions sont si émotionnelles, pourquoi se soucier de programmes et de débats d’idées ?
Le plus triste, le plus cruel : une large part de ces allégeances partisanes aveugles sont tributaires de la fatalité communale. L’intérêt de l’invasion des Unes par Sithanen : tant la révolte face à la trahison que la préoccupation quant à la politique économique de l’alliance rouge-orange échappe à la sensibilité communale. Cela est réfléchi et cela est national. C’est la partition de l’absent : même en n’étant plus vraiment là, Sithanen mène encore la musique.
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