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A la recherche du «King Créole»

10 septembre 2009, 17:13

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Heureusement qu’il y a eu ce fameux dîner entre Maurice Allet, Jocelyn Grégoire et Xavier Luc Duval. Sinon l’actualité politique de la semaine dernière risquait d’être ennuyeuse. Le repas de réconciliation a fini avec un dessert à base de réactions indignées et des cris d’approbation venant des uns et des autres au sein de l’opinion publique.

Que cela puisse ne pas plaire, j’irai, pour ma part, droit au but. Je ne comprends toujours pas les réactions négatives, surtout venant de l’entourage même de Jocelyn Grégoire, sur la participation de ce dernier à ce dîner. A croire que le prêtre, psychologue de surcroit, n’a pas le droit de collationner avec qui il veut, sans que cela ne devienne une affaire d’Etat. A moins que je n’ai rien compris à la mission que s’était fixée la FCM (Fédération des Créoles Mauriciens) à ses débuts. Soit celle d’œuvrer pour les intérêts de la communauté créole.

Donc, si le père Grégoire a effectivement influencé la décision de deux leaders politiques, en quoi est-il allé à l’encontre de son rôle de président de la FCM?

La réalité mauricienne est telle que chaque communauté a son représentant officiel à l’Assemblée nationale. Navin Ramgoolam ne démentira sûrement pas que c’est son statut de vaish qui l’a conduit au poste de Premier ministre. D’ailleurs, dans un de ses précédents commentaires, Somduth Dulthumun, président de la Sanathan Dharma Temples Federation, avait déclaré que c’est ce fameux «nous» qui décide de l’identité du Premier ministre! Rashid Beebeejaun ne niera pas non plus qu’il est supposément le représentant des musulmano-mauriciens, récompensé d’un titre de vice-Premier ministre pour mieux valoriser sa communauté. Ni Rama Sithanen, ni Xavier Duval, représentant respectivement les tamouls et la communauté dite «population générale», ne pourra nous contredire sur ce symbole de la représentativité! Reste que pour le dernier cité, il n’y a pas eu de quelconque lobby. C’était juste de la manipulation électoraliste. Et ça, Jocelyn Grégoire l’a comprit!

Ce que Jocelyn Grégoire a aussi compris, c’est que pour que les décisions nationales soient prises en prenant en compte les attentes de la communauté Créole, il faut que celle-ci soit mieux représentée à l’Assemblée nationale. Et pour ce faire, cette communauté a besoin d’un «leader», d’un «King Créole»! (Je n’ai pas pu m’empêcher de faire allusion au nom donné à Elvis Presley. Le «King Créole adulé par des millions de fans à travers le monde.)

Je me suis permis de faire le tour des différents profils disponibles dans le paysage politique mauricien pour identifier quelqu’un qui pourrait endosser ce rôle de «King Créole». En écartant bien-sûr l’éventualité que Jocelyn Grégoire laisse tomber la soutane et devient candidat aux élections générales, j’ai étudié la mince liste de prétendants à ce titre.

Paul Bérenger: Est-ce que la communauté créole lui fait toujours confiance quand il fait usage de formules mathématiques complexes, juste pour établir une simple liste de candidats? Je m’abstiens de faire plus de commentaires au sujet de ce personnage compliqué.

Joe Lesjongard: Il est carrément passé à côté de l’occasion qui lui a été donnée de devenir un leader de la communauté créole; surtout après sa démission médiatisée du MSM. Il y a eu, incontestablement, un mouvement de soutien en sa faveur, auquel il n’a manifestement pas accordé grand crédit. Aujourd’hui, il se retrouve muselé. Un simple pion dans l’équation de Paul Bérenger.

Sylvio Michel: Il s’est dit à un certain moment être le défenseur des descendants d’esclaves, sans avoir convaincu moindrement les membres de la communauté créole. Il faudrait peut-être aux Verts Fraternels d’être plus présents et actifs. Surtout en ce moment où la marmite politique est en pleine ébullition. Il faut néanmoins admettre qu’il lui reste encore un peu de temps avant les élections. Reste à savoir si le parti de M. Michel a des projets concrets pour la communauté créole, et comment il compte s’y prendre pour les vulgariser.

Xavier Luc Duval: Il doit tout faire pour rester dans les petits papiers de Navin Ramgoolam. Malgré qu’il soit au gouvernement et assume ses responsabilités de ministre du Tourisme, ce n’est un secret pour personne que le PMSD a beaucoup d’efforts à fournir avant de reconquérir l’électorat qui était le sien. Seuls quelques irréductibles sont restés fidèles à celui qui aurait dû être le successeur logique de Sir Gaëtan Duval. Sauf que Xavier Luc Duval a une autre tâche herculéenne: faire oublier qu’il avait déclaré qu’il avait honte de porter le nom «Duval»…

Maurice Allet: Il a effacé de la scène politique active le PMSD, après le départ de feu Hervé Duval. Etant un personnage incontournable dans un autre domaine, c''est-à-dire l’hippisme, il est peu probable que les créoles de l’île s’identifient à lui. Néanmoins, ses récentes prises de position par rapport à sa candidature au No. 20 ont démontré qu’il est et agit en politicien. Le PMSD reconsolidé, sous le leadership de Xavier Luc Duval, a des chances de requinquer une communauté en manque de repère politique. Mais il est évident que Maurice Allet n’en sera jamais l’élément catalyseur.

Dans un tel contexte et vu le combat qu’il mène, Jocelyn Grégoire connaît l’importance de doter la communauté créole d’un leader. En cela, en participant à un dîner, en sachant que ce n’est que ce qu’on connaît, il a joué son rôle. Ce rôle que personne, que ce soit les autres membres de la FCM ou toute autre association, n’a osé jouer jusqu’à présent pour des raisons prétendument d’éthiques. Le président de la FCM a compris, à ses dépens, qu’il faut agir.

Que ce soit seulement ceux qui agissent lui jettent la première pierre… Autrement, ne soyez «king créole» que pour vous-même et, cela, dans le confort de votre salon!

 

Cederix Babajee