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La République des marrons
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La République des marrons
Taxis marron
Vendeurs de Ralph Loren (!) marrons
Marchands ambulants marrons
Moniteurs de conduite de voiture marrons
Fonds d’investissement marrons (Ponzi compris)
Sociétés de gardiennage marrons
Centres de refuge pour enfants marrons
Cantines marrons
Planteurs marrons de gandia
Constructeurs marrons
«Universités» avec des cours marrons
Pêcheurs sous-marins marrons
Salons de massage marrons
Location de campements ou de voitures marrons
Religieux marrons
Astrologues marrons
Allocations de contrats marrons
Vendeurs de nourriture de rue marrons
Permis de conduire marrons
On arrête ici pour aujourd’hui, même si vos autres suggestions sont bienvenues* !
Mais comment en arrive-t-on là, avec l’arsenal de lois votées au Parlement, la nuée impressionnante de régulateurs et d’«authorities» établis, une police supposément efficace et impartiale, l’existence, nous dit-on, d’un État de… droit ? Non, ce n’est pas le fait d’un accaparement des descendants d’«Asiatiques» des leviers décisionnels et non plus le résultat d’une conspiration blanco-mulâtre ou d’un complot de l’opposition. C’est tout simplement, à mon sens, le résultat de 40 ans de leadership politique accommodant au-delà du raisonnable, du culte outrancier de la «tolérance» comme valeur nationale, au règne de l’exception qui confirme non pas la règle, mais… l’exception même, à la rationalisation du «piti la zisse pe gagne so la vie» jusqu’à la déraison, à l’achat systématique de «vote banks» par les hommes au pouvoir. Au bout de 40 ans, nous avons ainsi enraciné un véritable automatisme culturel, à travers la nation, ancré non plus sur le respect des institutions et des lois, mais plutôt sur la génuflexion à son réseau de «protecteurs» ; véritables anges gardiens de ses divers dérapages et «besoins ». Changer le cours des choses est donc aujourd’hui devenu difficile, tant la logique et la rigueur ne sont plus de mise et tant que les hommes politiques, avides de ne point déplaire, continueront à nous pourrir.
C’est ainsi que l’on entend de plus en plus de hors-la-loi dire, bien sincèrement d’ailleurs, qu’ils gagnent… «honnêtement» leurs vies. On peut supposer qu’ils veulent dire par là qu’ils ne vont ni tuer, ni voler pour assurer leurs fi ns de mois. C’est déjà ça, mais ils sont tellement bien installés dans le paysage qu’ils vont même, comme les taxis marrons**, jusqu’à négocier, très officiellement avec le ministre de la République Bachoo ! Les marchands ambulants (ainsi que d’autres) les y ont précédés chez divers députés, ministres et maires. Notez comment l’activité du marron, à force de tolérance et de négligence coupable, finit par engendrer un lobby d’un poids tel qu’il devient passible de… reconnaissance ! Car il est alors devenu pourvoyeur potentiel de votes… C’est dans la même veine que les conversations anodines sont de plus en plus saupoudrées d’invitations à un «trianguage» quelconque, le refus duquel suscite inévitablement le commentaire cinglant et… honnête : «to bien bête même, toi !» Eh oui, puisque vous ne ferez pas partie du lobby… des élus !
Le Premier ministre, pour le lancement du permis à points, parlait d’un changement de «mind set». À la bonne heure !
Le tsunami, c’est pour quand ?
*philippe.forget@lasentinelle.mu
**marron : mot des Antilles, de l’espagnol cimarron, clandestin, illégal
(Petit Larousse illustré, 2012)
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