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La science-fonction

3 septembre 2012, 00:00

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Faute de requérir une attention quotidienne à la charge, la présidence de la République peut aisément devenir une sinécure pour un retraité ou l’autre de la vie politique. Un président peut toutefois s’auto-conférer des missions sociales, cela apportant un peu de relief à son passage au Réduit. Ainsi, Cassam Uteem se donna, entre autres, pour objectif de faire prendre conscience des ravages de la pauvreté.

Anerood Jugnauth se donna pour mission de solidarité de n’en avoir aucune. Kailash Purryag entend être un président engagé et force est d’admettre qu’un de ses premiers engagements - l’encouragement de l’étude des sciences - mérite fort d’être soutenu.

« Et ainsi, peut- être, les lieux d’apprentissage et de formation de l’intelligence pourront- il, à nouveau, ouvrir les vastes horizons des humanités et des sciences aux jeunes Mauriciens. Il est attristant de noter que seulement 35% des élèves choisissent les matières scientifiques » , a déclaré le président de la République, mercredi, à l’occasion d’une remise de prix au Modern College, à Flacq. Certes, Monsieur le Président, cela est attristant, affl igeant même, si ce n’est révoltant, mais que peut- on faire ? Bien des choses, sans doute. Et de pouvoir compter sur le soutien de l’hôte du Réduit est, à n’en point douter, un très vif encouragement.

Que notre président engagé participe, entre autres, à la campagne qu’il faudrait vite lancer pour convaincre le plus grand nombre, dont les employeurs potentiels, que le rôle de l’école et de l’université n’est pas de conformer nos plus jeunes concitoyens aux exigences de la vie en entreprise. Il faudrait peut- être songer à interdire, rendre illégales, les offres d’emploi, en début de carrière, comportant les mots « 2 ans d’expérience minimum » . Soit l’expression la plus claire que l’entreprise envisage toujours d’exploiter un savoir- faire acquis ailleurs. Or, il est impératif que l’employeur, définissant en interne la manière d’aborder son activité propre, cesse de compter sur le concurrent ou, pire, sur l’école pour former ses effectifs.

Et ainsi, peut-être, finira-t-on par libérer l’école et l’université de la responsabilité d’assurer que leurs diplômés soient bien des turnkey-producers dès leur première semaine de travail. Et ainsi, peut-être, les lieux d’apprentissage et de formation de l’intelligence pourront- il, à nouveau, ouvrir les vastes horizons des humanités et des sciences aux jeunes Mauriciens.

Il y a un âge pour apprendre le latin, pour comprendre les lois de l’optique, pour comparer la composition moléculaire du méthane et celle de l’éthanol. Il y a un autre âge, plus tard, au travail, pour s’intéresser à la comptabilité d’une entreprise, aux questions de mercatique. Et on ne s’avance pas beaucoup en supposant que les esprits stimulés, encore jeunes, par l’acquisition des savoirs traditionnels sont susceptibles, en situation professionnelle, de maîtriser aisément les outils de l’entreprise. Alors même que ces derniers évoluent, peuvent vite être obsolètes.

Le président Purryag sait que les pays qui réussissent, ceux qui gagneront les grandes batailles de l’avenir, sont ceux qui produisent en priorité des chercheurs et des ingénieurs. Le faire comprendre au plus grand nombre serait une engageante mission. Le président devrait pouvoir compter, pour la mener à bien, sur divers partenaires, des clubs- services aux organisations socioculturelles les plus sincèrement dévouées. On trouvera bien les moyens de transformer quelques autobus en espaces de découverte ludiques et attrayants. On devrait trouver des volontaires pour animer ces « scientibus » , dans des cours d’écoles primaires, aux lieux les plus passants de nos villes et villages.

Est- il impossible d’imaginer des grants accrus pour les collèges qui fourniront le plus d’inscrits à la filière scientifique ? Et un concours - récompensé par un prix et l’édition de leurs manuels - pour les profs de chimie, physique et biologie qui proposeront l’approche pédagogique la plus ludique et innovante pour l’enseignement de ces matières. On leur donnera aussi, il va sans dire, un President’s Award.