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La télé couleur (politique)

30 juin 2009, 12:17

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Des paroles qui en disent long. Le service public est bel et bien au service du politique. Dans l’édition de l’express de ce jour (mardi 30 juin), l’interview de Bijaye Madhou, ex-directeur de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), réalisée par Deepa Bhookhun, est éclairante à cet égard.

Si «71 % de la population regarde le journal télévisé» de la MBC, c’est autant qui subit la propagande d’un outil média instrumentalisé. Il n’y a qu’à voir les grands titres, le traitement et la couverture de l’information: l’omniprésence du leader politique du jour, en l’occurrence Navin Ramgoolam, choque. On a beau se targuer d’être un modèle de démocratie en Afrique, on n’a pas encore su se débarrasser de certains oripeaux médiatiques des régimes autocratiques. Excessif? A peine.

Le chef du gouvernement actuel peut se cacher derrière l’intention de limiter la surexposition dont il a été l’objet depuis quatre ans. Quatre années de bons et loyaux services pendant lesquelles Bijaye Madhou, non sans fierté, s’est attelé «à contribuer à l’image positive du Premier ministre». Il faudrait voir dans la décision de Navin Ramgoolam et dans la déclaration d’intention du nouveau patron de la télévision nationale, Dan Callikan, pour qui «la MBC doit être plus crédible», une pirouette politicienne visant à redorer le blason d’une équipe trop exposée.

Dan Callikan, conseiller en communication de Navin Ramgoolam, est du reste un ancien de la MBC qu’il a piloté à la fin des années 1980, soit un an avant la tenue des élections générales de 1987. Le scénario se répèterait-il?

Navin Ramgoolam ne cherche-t-il pas à envoyer un nouveau message en faisant mine de reprocher à Bijaye Madhou son excès de zèle médiatique?

Le fond du problème reste la main mise du fait politicien (plus que du fait politique) sur la MBC. Le service public est relégué au second plan. Et même s’il faut reconnaître à Bijaye Madhou des avancées dans l’audiovisuel local, force est de relever la partialité outrageuse dans le traitement de l’information.

On ne peut blâmer uniquement ce gouvernement. La pratique a fait place à la normalité, peu importe la couleur. Cela dit, on est en droit d’attendre d’un nominé politique de l’indépendance, de l’objectivité (oui, c’est beaucoup demander), plutôt qu’un aveuglement servile. A moins qu’attendre un tel service ne soit trop demandé.

 

Gilles RIBOUET