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La ville porte conseil
Mettre la ville au service de la ville : la formule est du ministre des Administrations régionales, interrogé dans la présente édition d’iD sur la réforme de ces dernières. En présence de deux Local Government Acts, celui de 1989 et celui de 2003, Hervé Aimé pense, fort légitimement, que l’adoption d’un seul texte de loi, celui qu’il prépare, permettra d’échapper à certaines incohérences actuelles.
On comprend que le ministre est en faveur d’une prolongation des mandats des maires et présidents mais qu’il n’ose pas suggérer carrément une seule personne à la tête du conseil pour toute la durée de ce dernier. Au vu de certaines des personnalités - si ce terme est permis ! - qui ont occupé les fonctions de maire ou de président de conseil de district ces dernières années, on peut effectivement ne pas souhaiter prolonger la durée de leur mise en situation de responsabilité. Mais, plutôt que cette réserve négative, on pourrait aussi rechercher des personnes effectivement en mesure de gérer leur ville, pour un vrai service de la communauté.
En février 2008, Paul Romer, professeur d’économie à Stanford, effectuait une visite à Maurice, à l’invitation du ministre des Finances d’alors. A chaque fois qu’il en eut l’occasion, l’économiste - un théoricien très en vue de la revitalisation de la croissance - fit valoir la nécessité d’associer le progrès économique à l’existence d’une ville. Etant entendu, croyait-on comprendre, qu’une ville est, en tout premier lieu, un terrain de mise en rapport, de personnes, d’idées, de produits, de services, cela favorisant la recherche, la production de connaissances, l’innovation. Soyons lucides, il y a peu de chances que cela nous vienne de nos villes de 2010. Que ce soit celle prise en otage par les marchands ambulants ou celle qui manque de voies d’accès et qui est étouffée par des embouteillages à chacune de ses entrées.
Ce ne seront pas, non plus, des galeries marchandes implantées à proximité de voies passantes qui assureront les dynamiques, économiques et culturelles, qu’une ville tout à la fois requiert et accentue. Le ministre Aimé attend des élus locaux qu’ils prennent au sérieux leurs tâches. Ne seraient-ils pas encore plus responsabilisés s’ils avaient pour mission, en développant de vrais moteurs de croissance intelligente, d’engager leurs communes respectives dans une avancée qualitative encore inédite ? Mettre la ville au service de la vie.
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