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Lassitude
Le MMM issu de l’Assemblée des délégués de dimanche dernier est mal parti pour la conquête du pouvoir. Les Mauriciens attendaient, de la seule force d’opposition du pays, une vision d’avenir mais c’est à un discours consacré pour une large part à l’histoire du parti qu’ils ont eu droit. Elle a beau être glorieuse, cette histoire, mais le récit des premières années de lutte du MMM ne saurait offrir au pays la perspective d’une alternance.
L’événement de dimanche était porteur d’attentes car c’était la première fois que l’instance suprême du MMM se rencontrait depuis sa débâcle électorale. C’était une occasion pour le parti de renouveler sa réfl exion et ses pratiques. Or, les délégués n’ont rien entendu d’autre que ce qui se dit habituellement à ces rencontres. Il y a eu un long rappel du combat mauve des années 70 et quelques propos archi répétés sur les élections faussées.
Le pire moment est arrivé quand le leader du MMM a évoqué la probabilité d’une rupture de l’alliance PTr-MSM. Si ce grand parti, soutenu par 43% de l’électorat aux dernières élections, en est réduit à souhaiter une cassure au sein de la majorité pour arriver au pouvoir, la situation est grave. Et quand Paul Bérenger ajoute que «nous pensons à l’intérêt du pays avant tout», on peut se demander s’il ne rêve pas déjà à une alliance avec les Travaillistes.
Un parti d’opposition qui vit dans l’espoir de conclure une alliance avec ses adversaires du jour ne fera rien qui puisse gêner le pouvoir. Face à des Travaillistes qui, au lendemain de leur réélection, ont commencé à sévir contre les voix critiques et à étendre leurs tentacules partout, il est dangereux, pour la démocratie, que l’opposition se mette en veilleuse.
Il est vrai qu’après deux défaites successives, il est difficile à un leader, fût-il courageux et visionnaire, de trouver les ressources pour permettre à son parti de se reconstruire. Mais, Paul Bérenger n’a pas de choix. La relève n’existe pas au sein de son parti. Il est le seul encore capable de prononcer un discours qui inspire la conscience de ses militants. Autrement, ceux-ci se résigneraient à courber la tête devant un régime aux velléités totalitaires. Des candidats parachutés à Port-Louis lors des dernières élections viennent de montrer combien ils sont prompts à changer de vestes.
A ceux qui ont parlé de formation et de stratégie plutôt que d’énoncer une nouvelle vision, rappelons cette citation de Saint-Exupéry : «Quand tu veux construire un bateau, ne commence pas par rassembler du bois, couper des planches et distribuer du travail, mais réveille au sein des hommes le désir de la mer grande et large.»
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