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Le blues de Rama

13 octobre 2010, 11:13

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Le parcours de Rama Valayden, ex-leader du Mouvement
Républicain et actuellement secrétaire général du PMSD, n’est pas inédit. D’autres avant lui ont connu le même itinéraire, marqué par le sabordage volontaire de leurs partis respectifs pour intégrer un partilocomotive, à savoir Harrish Boodhoo, Vishnu Lutchmeenaraidoo pour les plus récents, et feu Satcam Boolell et Anil Baichoo pour les plus anciens.

L’alliance PTr-MSM lors des dernières législatives ne devait pas mettre en péril l’avenir politique de Rama Valayden, bien qu’il fut envoyé au casse-pipe à Stanley-Rose-Hill contre Paul Bérenger. Il pouvait toujours être repêché comme «best loser» ou, en cas de défaite, rester vivant politiquement avec sa nomination éventuelle comme «Attorney General». N’avait-il pas, comme le capitaine du navire pirate d’Astérix, sabordé volontairement son parti pour intégrer le PMSD comme secrétaire général ?

Après un tel hara-kiri, il estimait, fort du soutien de Xavier-Luc Duval,
qu’en cas de victoire de l’Alliance sociale, il allait retrouver, ne serait-ce, un
strapontin ministériel comme n’importe quel apparatchik bleu. Or, Navin
Ramgoolam se devait de caser Yattin Varma, privé d’investiture parce
qu’on ne pouvait manifestement l’envoyer comme le colistier de Vasant
Bunwaree au n° 12.

Depuis, Rama erre seul dans le désert avec le sentiment qu’on lui a fait un enfant dans le dos. Un sentiment d’autant plus amer qu’il n’a pas été inactif pendant ces cinq dernières années ; qu’il a été au contraire un boulimique du travail en imposant à son staff un rythme infernal pour accélérer des réformes dont on ne lui reconnait même pas aujourd’hui la paternité. Il est vrai, comme son mentor, qu’il a été «coupable» de quelques excès et que son nom a été associé à quelques individus mal famés. Cela ne l’a pas empêché d’entretenir l’espoir que ses compétences auraient pu être mieux utilisées.

Il s’est ainsi muré, depuis quatre mois, dans un silence assourdissant pour son propre parti, assistant, impuissant, au déménagement de Xavier-Luc Duval d’un ministère «glamour» vers celui de la Pauvreté et aux agitations de ses troupes pour des prébendes. Il s’est ainsi senti abandonné.

L’explosion de ses frustrations obéit à un «timing» pertinent. On célèbre
en ce moment le 80eme anniversaire de la naissance de sir Gaëtan Duval, et flotte dans l’air le parfum des municipales. De quoi focaliser l’attention sur les bleus et de mettre en exergue son blues ! Il a tiré une première salve dans un journal du week-end comme un ballon-sonde.

Ses rectifications par rapport à ses premières déclarations constituent, en fait, une confirmation de sa posture pour lui permettre de rebondir, d’ameuter ce qu’il lui reste de fidèles et peut-être de faire revivre le MR de
ses cendres afin de rogner quelques sièges aux prochaines municipales.
Le départ défi nitif de Rama Valayden priverait, de toute évidence,
Xavier-Luc Duval de son pendant «lumpen», gênerait considérablement
le PMSD dans certains arrondissements de Beau-Bassin- Rose-Hill et ouvrirait un boulevard au MMM dont le leader, pour lui, est maintenant «irremplaçable».

Bien que l’affaire Valayden ne constitue pas un séisme politique, ses agitations ne manqueront pas de provoquer des turbulences dans la basse-cour bleue et ainsi affoler quelques volatiles qui s’y trouvent encore.