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Le Cardinal Margéot, le pourfendeur des injustices

18 juillet 2009, 09:28

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Le Cardinal Margéot, le pourfendeur des injustices

 

La justice sociale et la défense des libertés ont été un combat de vie constant pour Jean Margéot. Il s’est naturellement joint à la cause des journalistes qui ont protesté contre la tentative du gouvernement en 1984 de museler la presse. Le mouvement de désobéissance civile et pacifique a eu son soutien indéfectible. « Toute la presse devra être à jamais redevable à ce grand prêtre pour son action en sa faveur » , insistait Beekrumsing Ramlallah, ancien rédacteur en chef du Mauritius Times , lui aussi emprisonné avec les 43 autres journalistes du mouvement de protestation, dans le magazine que Françoise Yaw Kan Tong et Conchiano Mootoosamy ont consacré à Jean Margéot en 2006 pour ses 90 ans.

 

Jean Margéot, résolument engagé dans son époque, n’a eu de cesse de défendre toutes les libertés, à l’image de la liberté d’expression. C’est que « Mgr Margéot dépassait le cadre de l’Eglise pour s’attaquer aux problémes de l’heure : chômage, logement, prostitution, conditions de travail dans la zone franche, corruption, drogue… Bref, tous les aspects négatifs qui entachent notre société, il les dénonce sans hésitations » , relevait feu sir Satcam Boolell en 1993.

 

En effet, ses lettres pastorales témoignent de ses préoccupations.

 

Certes, elles ont une résonance toute religieuse, mais le propos est bel et bien porté sur des préoccupations qui ne concernent pas que les catholiques.

 

On ne saurait enfermer les messages de ces lettres pastorales dans un carcan religieux tant la portée sociale y est fondamentale.

 

Mgr Margéot a su galvaniser ses fidéles pour que l’engagement social se diffuse et repose sur une base plus populaire. Les mouvements d’action catholique et les oeuvres charitables ont permis la création de créches, foyers ou orphelinats.

 

La drogue est certainement l’un des combats majeurs de Jean Margéot. Pour lui, pas de place pour le fatalisme. Sa lettre pastorale de 1987, « La drogue, un défi… non une fatalité » corrobore parfaitement cela. « Les toxicomanes sont souvent des marginaux, des laissés- pour- compte et leur désarroi nous interpelle. Le drogué n’est pas un malade ou un criminel ; il n’est pas un fou, mais c’est quelqu’un dont la constitution est fragile au plan psychologique. » Dans cette lettre, Jean Margéot partage les expériences de l’étranger pour nourrir une réflexion sociale et politique nécessaire. Son souci de faire avancer les choses est visible.

 

C’est ce qui l’a poussé à lancer deux centres de réhabilitation pour drogués, le Centre d’accueil de Terre- Rouge et le Centre de solidarité.

 

Les plaies de la société l’interpellent. Quand il s’intéresse aux plus démunis, il ne s’apitoie pas sur leur sort.

 

Trés tôt, il oeuvre pour l’ empowerment des classes ouvriéres.

 

« Il prend parti pour l’homme dans toutes ses déclarations et lettres de carême sur la question sociale. Il encourage la fondation de l’Institut pour le développement et le progrés et consacre une lettre pastorale pour relancer l’esprit d’entre prise » , reléve, dans son obituaire, le Pére Philippe Goupille, proche par - mi les proches.

 

Dés 1984, il plaide en effet pour la relance de l’esprit d’entreprise. Mais il ne cherche pas seulement à soutenir une initiative économique parce qu’il voit aussi dans l’entreprise une vocation humanitaire et sociale à l’heure où le chômage dans l’île alimente une gronde sociale. Le lancement de l’Institut pour le développement et le progrés s’inscrit dans cette logique de promotion de l’homme, de ses compétences par la formation sociale, toujours dans l’optique d’un épanouissement presque salvateur.

 

Le justice sociale, pour le cardinal, n’a de sens que lorsque l’homme accepte de se voir et de voir l’autre, de tendre la main à l’autre, qu’il soit pauvre, drogué, prostitué, orphelin ou opprimé. Parce qu’au fond, il a fait sienne « l ’option préférentielle pour les pauvres » , sans oublier les autres, sans cesse dans une démarche de générosité et contre l’injustice. Une volonté de fer derriére un regard de bonté pour qu’avance la justice sociale.

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