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Le créole pour nous servir…
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Le créole pour nous servir…
La langue créole peut-elle avoir une dimension didactique? Au-delà d’être une langue identitaire, une langue gorgée de symboles et un moyen de communication, le créole peut aspirer, aujourd’hui, grâce à l’initiative du Bureau de l’Education Catholique (BEC), d’être reconnu comme un médium d’enseignement. Le BEC compte, en effet, utiliser le créole comme langue d’enseignement dans ses écoles primaires.
Le choix du créole comme médium d’instruction fait débat depuis un certain temps à Maurice. Mais ce débat est surtout obturé par des considérations autres que pédagogiques et linguistiques.
Il ne manquera pas, en ce sens, quelques interprétations sectaires. Comme le fait qu’on pourrait reprocher au BEC de ne penser qu’aux enfants créoles qui ne parleraient que le créole. D’autres reprocheront à cet organisme de nager à contre-courant. Comment penser au créole, qui n’a de rayonnement qu’insulaire, alors que les langues standards, telles le français et l’anglais, sont internationales?
Dans un système scolaire élitiste, avoir recours au créole comme langue d’enseignement, est considéré comme un retour en arrière. Le vernaculaire fonctionnel, voilà qui pourrait, en effet, faire sourciller quelques-uns. Tant ils ont une conception réductrice du créole et un rapport ambivalent à cette langue. Pourtant…
De nombreuses études ont démontré que l’utilisation de la langue maternelle comme langue d’enseignement permet une intégration scolaire pour de nombreux enfants. Ceux qui ne développent pas leurs talents dans le mainstream se découvrent des compétences qui les valorisent autrement. Mais, il ne faut surtout pas croire que l’intégration passe par le seul «prévocationnel» ou un apprentissage artisanal.
Bien au contraire, la langue maternelle devient un moyen pour ces enfants d’accéder à la connaissance dite académique de la filière traditionnelle mais, cela, grâce à une langue d’instruction, souvent considérée comme minorée, voire dévalorisante dans le contexte mauricien.
C’est dire la nécessité et l’urgence, pour nous Mauriciens, de nous débarrasser d’un certain nombre de préjugés et de stéréotypes. Surtout dans notre conception du monde éducatif…
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