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Le droit à l’enfance

25 juillet 2009, 09:03

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Le débat sur les leçons particulières est devenu une rituelle symphonie, souvent stérile, au sein de la société mauricienne.

Chacun y va de son couplet. Porté par des convictions ou encore par des positionnements idéologiques pour ne pas dire culturels. Mais personne n’ose dire les choses comme elles sont. Ou lorsqu’on le dit, c’est avec une certaine timidité. Parce qu’on est à Maurice. Parce qu’à Maurice, on n’ose pas froisser les susceptibilités… Le refrain est connu. Et surtout il fait recette.

L’actuel système éducatif, qui favorise l’émergence d’un éphémère classe de «surdoués» est, depuis longtemps, obsolète. Nous le savons tous. Mais nous ne l’admettons pas. Entre-temps, la réforme se fait attendre…

C’est ainsi que les propositions pour une réforme progressiste ne parviennent pas à faire l’unanimité. Car les leçons particulières sont, l’on doit l’admettre, une manne pour beaucoup d’enseignants… L’île Maurice a beaucoup investi dans la formation académique des jeunes. Ce qui a pour résultat une course effrénée vers la réussite scolaire. Ce qui a aussi engendré une dépendance sur les leçons particulières. Sans elles, beaucoup de parents ont le sentiment qu’il n’y pas de réussite possible. Du moins pas de réussite pour exceller et surclasser les autres.

Mais qu’en est-il de la formation à la vie en société? Notre système éducatif n’en fait pas provision… C’est le genre de questions que certaines personnes ne se posent plus. C’est quoi la formation à la vie en société? Est-ce une urgence? Un impératif? C’est l’anormal qui est devenu la règle. La réussite à tout prix!

Pour favoriser l’intégration de jeunes dans la société active, les pays développés misent sur un cursus extra-conventionnel. Les institutions scolaires mettent l’accent sur l’initiation à l’art, sur les cours de théâtre, de chants, de peinture et la pratique d’une discipline sportive obligatoire. Des activités qui sont souvent pratiquées en dehors des heures de classe.

Les leçons particulières sont par définition des cours de rattrapage. A Maurice, elles ont une toute autre acception. Et cela n’étonne personne.

Avec un tel système, l’on aurait certainement eu une société de jeunes actifs et cultivés. Rien à voir avec le style stéréotypé de l’employé robotisé. Ceux-ci n’ont pas eu «le droit à l’enfance». Car c’est notre système éducatif non-adapté qui est la cause de leur manque de clairvoyance.

«Le droit à l’enfance», c’est le droit de rêver, le droit de croire au Père Noel, en la petite souris, qui après avoir pris votre dent de lait, glisse une pièce sous votre oreiller pendant votre sommeil. Savoir fabriquer un cerf-volant, improviser une partie de foot sur un terrain abandonné, nos vieilles savattes, jouer aux policiers et aux voleurs et après, exténués, aller nager dans un ruisseau… Bon, j’admets que se sont des exemples un peu extrêmes. Mais est ce qu’un enfant n’y a pas droit?

Ces expériences fondent la vie d’adulte. Et c’est sans nul doute ce qui manque à nos enfants. Avec ou sans leçons particulières, un enfant épanoui est «condamné» à la réussite.

Il y a longtemps déjà que l’école ne produit plus d’enfant épanoui…

 

Cederix Babajee