Publicité
Le fric qui pue
L’affaire Bettencourt-Woerth-Sarkozy, est riche en enseignements surtout pour nous. Elle regroupe tous les ingrédients d’un scandale politico-financier, à la limite d’un polar de Frédéric Dard avec toutefois un souffle épique que n’auraient pas démenti les amoureux de Balzac, grand médecin-légiste du comportement vis-à-vis du pouvoir et de l’argent. Quand l’Argent entretient une telle relation avec le Pouvoir pour illustrer son pouvoir, nous sommes dans toutes les dérives qui portent atteinte à la démocratie.
Le scénario de cette ténébreuse affaire est tout simple sur un canevas qu’en Europe, Costa Gavras ou Bertrand Tavernier et qu’outre Atlantique Oliver Stone pourraient compliquer à souhait. Une riche héritière qui manifestement n’a plus toutes ses facultés (dénoncée par sa propre fille) victime d’un prédateur sans vergogne aux allures de guru, un tantinet dandy, d’une secte et d’un avocat-gestionnaire, véritable prestidigitateur, capable de faire disparaitre de la liste de son patrimoine une ile dans l’océan Indien, mais extrêmement généreux envers un parti politique dont la courroie de transmission n’est autre qu’un ministre du Budget à l’époque et du Travail aujourd’hui, de surcroit trésorier du parti du locataire de l’Elysée et dont l’épouse travaille au sein d’une de ses filiales. Rassurez-vous, vous n’êtes pas au bout de vos peines : la justice ne pouvait être en reste. Un procureur, ami fidèle du Président et nommé par lui, s’en mêle au départ pour qu’une juge – qui n’est pas de ses amis - n’y fourre pas son nez…mais qui a été contraint, par la pression des médias et de l’opinion, de diligenter des enquêtes avec au bout jusqu’à samedi derniers des gardes à vue. Pour ne pas vous perdre dans ces méandres, retenez le fil conducteur et fiez-vous à votre odorat….de ce fric qui pue !
Nous sommes avec ce scandale politico-financier, qui secoue la France, au cœur du système de financements occultes de partis politique. Et il faut dire que la France n’est pas à son premier scandale quant à cette pratique. En d’autres temps, la gauche, que l’on croyait morale, a été gangrénée par l’affaire Urba, toujours une sale histoire de financement du Parti Socialiste sous Mitterrand à l’époque.
Cette relation incestueuse entre l’argent et le pouvoir, qui permet l’impunité et qui encourage la promiscuité pour la distribution des prébendes, écorche la démocratie. Et elle existe et se pratique depuis des lustres chez nous. Sans que cela semble perturber outre-mesure le gouvernement et l’opposition parce que les deux sont coupables du même délit. Nous avons vu avec quelle impudence insultante les élus de l’Alliance Sociale et du MMM ont fait parvenir à une commission électorale eunuque la liste de leurs dépenses électorales en faussant manifestement leurs factures pour les ramener, avec la complicité d’experts-comptables, sous le seuil légal acceptable.
‘Transparency Mauritius’ s’égosille à chaque élection pour que le financement des partis politiques soit réglementé, pour qu’on sache qui donne combien à qui et surtout qui s’enrichit outrageusement pour n’avoir pas redistribué sur l’ensemble des circonscriptions le fric qui pue, le fric qui corrompt les consciences (comme dirait l’autre) et qui achète les votes.
A quand une réforme électorale en profondeur pour éliminer l’odeur nauséabonde de ce fric ?
Publicité
Les plus récents