Publicité
Le jeu et les enjeux
Ils n’ont pas l’air d’être conscients de la spirale dans laquelle ils s’enfoncent. Il y a, avant tout, cette contention qui les anime dès qu’ils sont pris dans l’attente de voir si leurs paris leur rapporteront quelque chose. Il y a pourtant un désespoir financier dans cette propension au jeu que manifeste une bonne partie de la nation mauricienne.
Au Champs de Mars, dans les maisons de jeu, dans les bureaux obscures des paris sur les matchs de foot étranger, au téléphone, sur internet… Les supports de jeux se sont multipliés. On peut aujourd’hui être joueur 24h sur 24h.
Dans un tel contexte, avancer avec des rameaux d’olivier entre les mains en espérant que seule la morale saura régler le problème serait faire preuve de candeur. Les Mauriciens aiment le jeu. Pour l’argent et aussi pour l’oubli. Il importe, cependant, d’aller au-delà des jugements de valeur.
La crise ne pousse pas seulement certains de nos compatriotes à se rabattre sur les cartes de crédit et à devenir de mauvais payeurs. Cette crise économique n’influe pas sur la seule situation matérielle de nos concitoyens.
Elle rend compte de la surestimation du fait économique sur le fait social et culturel. Même qu’elle témoigne de l’amplification d’une vision technicienne des choses au détriment des valeurs politiques.
Une économie parallèle et souterraine est en train de s’amplifier à Maurice. Nous ne verserons pas dans l’électoralisme de Vishnu Lutchmeenaraidoo en dénonçant le laxisme du gouvernement sur ce dossier. Ce n’est pas un gouvernement qui est en cause. C’est un système. C’est des mécanismes sociaux.
Si nous ne parvenons pas à saisir l’imaginaire social du Mauricien, nous ne parviendrons qu’à des lectures approximatives sur le rapport du Mauricien avec le jeu. Il faut aller plus loin. Se poser d’autres questions. Qu’est-ce qui peut être l’alternative au jeu? Pourquoi s’endetter pour le jeu? Quelles sont les causes de ce déferlement vers les maisons de jeux?
Il ne s’agit plus, aujourd’hui, d’identifier des boucs émissaires. Mais d’analyser et de comprendre un phénomène pour avoir des éléments nous permettant d’agir sur lui. Ce sont des études empiriques dont nous avons besoin.
Mais de grâce, évitons le clientélisme électoral des uns. Le moralisme primaire des autres. Car, là où nous nous attendons à une sociologie politique, on se retrouvera avec la kremlinologie des uns et des autres…
Publicité
Les plus récents