Publicité

Le meilleur ami des travaillistes

16 décembre 2012, 07:23

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Eric Guimbeau voulait jouer au trouble-fête du match Travailliste – MSM/MMM à Curepipe, il se retrouve à arbitrer la joute. Le leader du MMSD est toutefois loin d’être un départiteur neutre. Il l’a dit, il offrira la victoire au plus offrant des deux adversaires. Le Premier ministre n’ayant pas tardé à répondre à l’exigence de Guimbeau, c’est donc vraisemblablement avec le PTr que le MMSD s’alliera.
Offrant au passage le fauteuil de maire à son élu Mario Bienvenu et le contrôle du conseil municipal à la majorité gouvernementale. Que penser de ce que d’aucuns appellent déjà « la posture immorale » de Guimbeau. Plein de choses en fait !

Il faut commencer par dire l’évidence. Guimbeau ne pouvait entraîner son parti et Mario Bienvenu dans un jeu du ni oui ni non totalement improductif à Curepipe. Le vote du conseiller Bienvenu est crucial pour dessiner une majorité municipale, permettre l’élection du maire et la constitution de l’Executive Committee de la ville lumière. Le MMSD en choisissant son camp - même s’il est gouvernemental  ne fait que permettre à la municipalité de Curepipe de commencer à fonctionner.

Certes, la question taraude un certain nombre de personnes : l’alliance probable de Guimbeau avec les rouges et l’empressement de Ramgoolam d’y donner son feu vert sont-ils si anodins ? Pas du tout. Si on peut accuser Eric Guimbeau d’être naïf en politique et parfois outrancièrement démagogue, on doit lui reconnaître une certaine propension à l’opportunisme. Il l’a amplement démontrée pendant son mandat de deputy leader du PMSD. Guimbeau avait en effet eu son mot à dire sur - voire provoqué dans certains cas - les nombreux réalignements politiques des bleus entre 2005 et 2009.

Allié du MMM en 2005, le PMSD se range du côté de Ramgoolam l’année suivante. Puis, repasse dans l’opposition en 2007 suite à l’attitude belliqueuse de Ramgoolam envers le secteur privé. Qui vaudra à un Guimbeau mécontent une boutade de Ramgoolam lui rappelant qu’il n’est « pa so bondie. » Enfin, mécontents du manque de considération du MMM, le député de Curepipe et les siens se sont une nouvelle fois éloignés des Mauves. Refusant néanmoins d’être relégué au rôle de second couteau dans le cadre de la « réunification de la grande famille bleue » en 2009, le député de Curepipe prend ses distances du PMSD et fi nit par fonder son propre parti. Depuis, il se la joue solo.

A partir de demain, c’est en duo avec le PTr qu’Eric Guimbeau devra appréhender la gestion de la mairie de Curepipe. Certes les mauvaises langues diront que ce sont plutôt des raisons plus familiales qui ont poussé le leader du MMSD à un mariage de raison avec Ramgoolam. Tandis que d’autres évoqueront le fait que Bérenger, ayant pris Guimbeau en grippe à la suite de la conclusion du Remake a pu avoir une attitude et des mots qui ont blessé le nouveau meilleur ami du PTr. Dans tout cela, c’est justement le parti travailliste qu’il convient de ne pas perdre de vue. Affairé à donner l’illusion que sa défaite aux municipales n’en est pas une, Ramgoolam ne pouvait qu’accepter l’offre audacieuse de Guimbeau. D’abord, le jeu – faire semblant qu’on a perdu seulement trois et non quatre municipalités en vaut la chandelle. Ensuite, Ramgoolam s’assure une paix probable pendant deux ans à Curepipe soit la durée du mandat biennal de l’Executive Committee que Bienvenu dirigera probablement dans les jours à venir.

C’est de cela dont Ramgoolam a sans doute désespérément besoin ces derniers jours. D’un semblant de retour au calme après une défaite qui loin d’être une indication réelle de son impopularité n’en revêt pas moins une dimension Symbolique forte. Les municipales grâce à Guimbeau sont déjà derrière Ramgoolam. C’est désormais vers 2015 qu’il dirige sans doute déjà son regard. Tout allié lui permettant de passer ce cap sera le bienvenu. Qu’il s’appelle Guimbeau, Bérenger…ou Jugnauth.