Ces deux dernières semaines, nous n’avons pas cessé d’entendre des hommages à Nelson Mandela. Chefs d’Etat, hommes politiques, dignitaires religieux, leaders d’opinion, journalistes… Bref, tous ceux qui ont la possibilité de s’exprimer publiquement n’ont fait que des éloges du premier président noir de l’Afrique du sud.

Parmi les valeurs qu’a incarnées «Madiba», sa capacité de pardonner et d’oeuvrer pour la réconciliation est celle qui revient le plus souvent dans les discours et éditoriaux. Nelson Mandela a dû faire l’effort de passer au-dessus des humiliations que le pouvoir blanc lui avait fait subir, pour tendre la main à ses adversaires afin de construire la démocratie dans son pays.

A Rodrigues, les politiciens ont tendance à penser que leurs adversaires sont plus méchants et plus bêtes que ceux des autres pays. Et ils se donnent des raisons pour justifier leur refus de se tendre la main et de se respecter mutuellement.

Mais ce qui s’est passé à l’Assemblée régionale, mardi dernier, semble marquer un tournant dans les relations tendues entre les partis politiques. Les membres de la majorité ont applaudi après le discours du leader de la minorité, Gaëtan Jabeemissar. Chose encore plus extraordinaire, à la fin de la séance, Serge Clair a quitté sa place pour aller serrer la main de Jabeemissar et le féliciter. C’est tout à son honneur.

Serge Clair n’a plus rien à prouver de sa capacité de donner une orientation au pays. Tout le monde le reconnaît comme le père de l’émergence et de l’émancipation d’une identité rodriguaise. Aujourd’hui les yeux sont tournés vers lui pour faire émerger un autre type de relation, plus civilisé, entre les hommes politiques afin que notre démocratie fonctionne comme il se doit.

Tout comme les paroles et les gestes de Nelson Mandela étaient importants pour l’Afrique du Sud post-apartheid, les paroles et les gestes de Serge Clair sont importants pour l’île Rodrigues post-autonomie.

Nous souhaitons vivement que la vie et la mort de Mandela inaugurent réellement une nouvelle ère dans la relation entre nos leaders politiques. Cela implique que les meetings et les journaux cessent de dénigrer les personnes. Chacun doit veiller à ce que ses gestes, ses paroles et ses écrits aillent dans le sens du respect des personnes et de la réconciliation. Cela afin de faire se réaliser le miracle de Mandela à Rodrigues. C’est la meilleure manière de lui rendre un vrai hommage.