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Le prêt-à-penser
Avec les sempiternels scandales tels que le rachat de la clinique MedPoint par l’Etat, l’affaire sur la souveraineté des Chagos et bien d’autres anomalies à différentes échelles de la vie publique, on ne peut que constater que plus le temps passe, plus le ciel s’assombrit.
Mais cette actualité journalistique demeure, quelque part, anecdotique. Ce sont des événements qui n’affectent pas notre vie directement. Même si on doit s’en offusquer, ces largesses témoignent d’une véritable caricature de la démocratie.
Parallèlement, il est un fait qu’on s’enfonce dans un mode de vie qui donne le tournis. Un simple exercice.
Combien sommes-nous à dormir avec nos téléphones portables sous l’oreiller ? A pouvoir prendre un petit déjeuner avant de nous lancer dans les embouteillages?
Combien sommes-nous, avant même de dire bonjour à nos collègues, à lancer nos ordinateurs pour prendre connaissance de l’activité nocturne de notre page Facebook chaque matin au bureau? Le constat est simple.
Globalement, le temps nous échappe. C’est à une course contre la montre que l’on se livre et, cela, de plus en plus dans un monde virtuel.
Ces phénomènes n’épargnent pas nos jeunes non plus. Bien au contraire, ils sont les plus touchés. C’est toute une génération d’êtres humains qui est devenue une extension de la machine : des cellulaires aux laptops en passant par des bâtiments de plus en plus impersonnels et froids. Ce processus de déshumanisation pourrait être irréversible.
Nous sommes dans un monde de désirs artificiels.
Toujours avoir le dernier modèle de téléphone portable, des voitures plus luxueuses, des ordinateurs plus sophistiqués... Pour se donner l’illusion que nous essayons d’être différents ou encore que nous tentons de ne pas nous laisser piéger, nous avons inventé toute une race de gourous : maîtres en hygiène de vie, en spiritualité, en management, en pensée positive… Les librairies inondent leurs rayons d’ouvrages de cette nature à tel point qu’elles sont devenues rébarbatives pour ceux qui, il y a encore quelques années, ouvraient les livres et les humaient avant de les acheter.
Aujourd’hui, on veut faire un cadeau à un ami, on lui achète un grimoire d’un quelconque gourou pour qu’il réussisse sa vie. La déferlante des maîtres-penseurs est symptomatique d’une époque où la pensée est devenue un programme. Il n’est pas étonnant, dans un tel contexte, qu’on rythme sa vie de projets toujours plus difficiles à réaliser et souvent superfétatoires.
A côté, les Rs 145 millions versées pour le rachat de la clinique MedPoint ne sont qu’une anomalie d’un système gangrené à la base même…
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