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Le prince indécis
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Le prince indécis

Pas assez fort pour affronter seul l’électorat, trop fort pour n’être qu’un allié d’appoint. C’est le dilemme auquel est confronté le MMM, la raison de sa recherche d’alliance,et c’est ce qui l’a mené à la situation humiliante dans laquelle il se trouve présentement.
Mais Paul Bérenger peut plaider les circonstances atténuantes. Il n’a pas été l’initiateur des négociations menées en vue d’un accord électoral avec le Parti travailliste. A la vérité, à l’origine, il y est même plutôt hostile et de toute façon, il se méfie de Navin Ramgoolam. Il ne se laisse convaincre que lorsqu’il comprend que le leader du Parti travailliste le souhaite aussi. C’est en tout cas ce que Ramgoolam déclare à plusieurs interlocuteurs, à maintes reprises.
En gage de sa bonne foi, le Premier ministre entame rapidement des discussions sur la répartition des investitures et sur le rôle éventuel du leader du MMM. Les pourparlers se déroulent dans de si bonnes conditions, malgré quelques exigences prématurées de Bérenger, que la voie est ouverte à deux rencontres au sommet. Elles se sont soldées par un très large accord, avec un seul point restant à trancher. L’information passe dans le domaine public et même si cela l’agace passablement, le Premier ministre ne la dément pas.
Cette mise en perspective montre clairement que la recherche d’un accord électoral a été le fait de la volonté commune de Ramgoolam et de Bérenger. Si l’opinion publique voit en Bérenger le quémandeur, c’est que le leader du MMM a fait montre de naïveté politique en jouant cartes sur table tandis que Ramgoolam dissimule les siennes.
La question est maintenant de savoir si les cartes de Ramgoolam sont truquées. Ramgoolam veut-il vraiment une alliance avec Bérenger ? Je n’en suis plus sûr, même si ces jours-ci encore, en pleine effervescence bleu-blanc-rouge, il continue à affirmer à certains de ses proches – pas à tous – qu’il n’a pas abandonné l’option MMM.
Si c’est vrai, alors il ne reste plus qu’une explication à la confusion politique cultivée par Ramgoolam. Comme cela lui arrive souvent, dans de nombreux cas, et dans de nombreux domaines, le Premier ministre a énormément de mal à se décider. Signe d’un manque de confiance en soi malgré ses airs de matamore, symptôme d’une méfiance maladive.
Et surtout expression de sa peur du risque. C’est d’ailleurs la peur du risque qui l’incite à entretenir les options d’alliance alors qu’il est en fait très tenté par la perspective d’une lutte à trois. C’est un risque qu’il n’a pas cessé d’évaluer et qu’il a d’autant plus envie de courir que ses sondeurs lui affirment qu’en réalité, ce n’en est pas un. Mais Ramgoolam hésite.
Le problème est que ses alliés potentiels sont exténués, las d’attendre le bon vouloir du prince. Le MSM n’a pas le choix, il vaut 4 % selon les sondages de Ramgoolam et il a brûlé tous ses vaisseaux. Le MMM, rendu atone par les « koz-koze » stériles, n’est pas en position de force non plus. Mais une bonne campagne – c’est-à-dire une opposition dure et frontale à Ramgoolam – peut le hisser, dans le pire des cas, à près d’un tiers de l’électorat et lui assurer un groupe parlementaire signifi catif capable d’en faire voir de toutes les couleurs à un Ramgoolam redevenu son principal adversaire. C’est pourquoi le MMM prétend pouvoir reprendre sa liberté politique et gérer son propre destin.
Ainsi, Ramgoolam n’aura rien décidé, les circonstances auront décidé à sa place. Si cela se trouve, ce n’est pas une situation qui l’embarrasse ; depuis ce jour lointain où Bérenger est allé le chercher à Londres, les circonstances n’ont pas cessé de lui être favorables. Merci Paul.
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