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Le ridicule ne tue pas…
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Le ridicule ne tue pas…
Petit florilège de choses lues ou entendues cette semaine. Si le ridicule tuait, nos cimetières seraient bien encombrés...
A tout seigneur, tout honneur. Commençons par Navin Ramgoolam. Mécontent de la presse en général – de « l’express » et du « Mauricien » en particulier – le Premier ministre s’est encore laissé aller ce jeudi. Fielleux, il a attaqué avec véhémence la presse et les « semi-intellectuels » qui, selon lui, y pullulent. Sauf que Ramgoolam s’est sérieusement et lamentablement emmêlé les idées. En nous servant un argumentaire approximatif. Que son voisin de River Walk, Paul Bérenger, qualifierait volontiers « d’intellectuellement limité ».
« Ils écrivent sur le Parti travailliste (PTr) alors qu’ils n’étaient même pas nés quand ce parti avait été créé », a tancé Ramgoolam en faisant référence aux journalistes. Un peu d’arithmétique s’impose. Navin Ramgoolam est né en 1947. Le PTr, lui, a été fondé en 1936. Du coup, si l’on suit la logique – bancale – du Premier ministre, il faudrait qu’il cesse dès à présent de parler de tout ce qui s’est passé au PTr avant 1947. Avouons-le, ce principe, s’il était appliqué aurait ses avantages. Cela nous épargnerait le culte de ce passé que James Burty David et Ramgoolam nous ressassent ad nauseam.
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En parlant de passé, intéressons-nous à celui du Mouvement militant mauricien (MMM). C’est étrange, plus un parti vieillit et plus il devient croulant, plus ses leaders se mettent à glorifier le passé. Paul Bérenger s’est pris à ce jeu cette semaine. C’est une déclaration à vous embarrasser un Rajesh Bhagwan, qui ne manque pas une seule occasion de nous rappeler que « le MMM est un parti tourné vers l’avenir ».
Ainsi, ce mardi, le leader mauve s’est lui aussi laissé aller au ridicule. Cherchez l’erreur dans la phrase suivante : « Nous voulons une équipe solide, sincère, propre et un programme fondamentalement identique à celui que nous avons défendu depuis 1969. » Vous avez trouvé ? Bien entendu, l’allusion au programme de 1969 est des plus incongrus. Car il contenait des notions qui sont devenus obsolètes. Le mot « nationalisation » figurait à profusion dans le manifeste électoral du MMM de 1976. Il était aussi question de fiscalité lourde envers les suppôts du capitalisme. Ces penchants en 2009, feraient froid dans le dos aux Chinois – ces vrais libéraux déguisés en faux communistes. On attend désespérément du MMM qu’il nous dise ce qu’il va faire à l’avenir. Mais malheureusement, l’obsession actuelle du parti, c’est de ressasser son passé. En guise de vision d’avenir, les mauves nous sortent de leur tiroir cinq thèmes prévisibles. Autour desquels tous les partis politiques décents des grandes démocraties articulent invariablement leurs programmes électoraux.
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Pour terminer, parlons justement de la démocratie. Cette semaine, nous avons assisté au démarrage des travaux du plus gros projet d’investissement étranger jamais entrepris sur notre sol. Les Rs 25 milliards investies par JinFei font tourner des têtes et soulever des suspicions. Pourtant, cette somme est ridicule. Elle représente 0,8 % du commerce extérieur chinois vers les 53 pays africains en 2008. Une valeur presque insignifiante pour l’empire du milieu. Ce qui est moins insignifiant toutefois, c’est que la Chine, bien que devenue une économie libérale, demeure un régime répressif. Certains parmi les milliers de travailleurs chinois qui viendront à Maurice connaîtront peut-être personnellement une personne qui aura été exécutée en Chine. Parce qu’elle a eu le malheur de croire en la liberté d’expression. Ou d’avoir une opinion contraire à celle imposée par le régime. Le ridicule des exécutions sommaires et arbitraires en Chine, Ramgoolam, Sarkozy, Obama ou Brown, ne le voient pas. Et pour cause, quelques « menues » entorses aux libertés fondamentales, ce sont finalement des contreparties bien ridicules comparées aux avantages du commerce avec la Chine. Oui, le ridicule ne tue pas. Sauf peut-être en Chine…
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