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Le sens de l’écoute
Il est beaucoup question, ces derniers temps, du taux de suicide chez les jeunes ou encore des comportements qui deviendraient de plus en plus déviants. C’est entendu. Nous vivons dans un monde intrépide et qui évolue à une vitesse vertigineuse. Mais, de tout temps et quel que soit le contexte, la vie a toujours été dure. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas d’écoute.
Les différentes générations ne se parlent plus entre elles. Un dialogue de sourds s’est installé. La pénibilité de la vie n’explique pas tout.
Exposés à tous les excès, les jeunes vivent dans un monde du silence. La parole peut les trahir à tout moment. Les réponses deviennent monosyllabiques.
Ils ne disent plus leur mal-être. Ils ne se disent plus tout simplement. Car, il y a une peur derrière. Et aussi une certitude. Celle de ne pas être compris. Il y a également toute une dramaturgie qui se met en place. Parce qu’il ne faut pas donner l’impression de bouleverser les traditions, ces jeunes se complaisent dans un système d’adhésion factice. Il ne faut pas créer le sentiment qu’on n’est pas du monde des adultes, des parents et de toutes formes d’autorité. C’est ainsi qu’on fi nit par prétendre continuellement.
Si seulement les parents savaient comment vivent certaines de leurs progénitures ! Loin de vouloir pointer du doigt un certain mode de vie, il n’en ressort pas moins que nombre de jeunes ont décidé de facto qu’ils resteront des incompris.
D’où cette posture recroquevillée qu’ils ont adoptée.
La parole est souvent libératrice. Mais, ici, on a fait le choix de l’absence de parole. Les parents et les adultes en général sont désorientés. Les jeunes, eux, ont inventé différents mondes. Dont un où ils prétendent suivre les règles. Ils ne se révoltent pas.
Ils ne se racontent pas. Ils prétendent. Parallèlement, il y a d’autres mondes secrets. Et les adultes ne parviennent plus à décrypter les codes de ces mondes.
Certes, on nous dira qu’il n’y a plus de modèles.
Que les valeurs disparaissent. Que les aînés, à cause de la déstructuration des cellules familiales traditionnelles, n’ont plus l’opportunité de transmettre les valeurs des temps passés. Que l’école abrutit les jeunes. Que la société moderne, avec sa révolution technologique, expose les jeunes à toutes sortes de travers. Ces arguments ont leur pertinence, mais ils n’expliquent pas tout.
Du fait même qu’ils évoluent dans différents mondes parallèlement, les jeunes composent des personnages. Cela, en définitif, peut être source de tiraillements, de déchirements intérieurs. C’est ce qu’il y a à comprendre aujourd’hui. Toute une sensibilité de la jeunesse ne s’exprime plus. Il importe de libérer une parole. De ne pas être dans le camp de ceux qui condamnent, mais dans celui de ceux qui essaient de comprendre.
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