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Le sursaut ?
Le livre de chevet d’Anil Kumar Ujoodah, directeur général de l’ICAC, devra être, pendant ces prochains jours, le rapport que le directeur de l’Audit, Rajen Jugurnath, a rendu public hier. Y sont exposés des faits tellement ahurissants qu’ils sont susceptibles de forcer la commission anti-corruption à sortir de sa nonchalance.
L’ICAC verra dans cet excellent rapport des indices sur les procédés utilisés par les entrepreneurs de tous acabits et les prestataires sans scrupule pour dilapider les fonds publics avec la complicité de hauts fonctionnaires véreux. Certes, le directeur de l’Audit ne décrit pas explicitement leurs combines dans son rapport, mais le constat qu’il fait de l’utilisation des fonds publics et de la gestion des biens de l’Etat fournit bien des pistes.
Du reste, sa mission n’est pas d’instruire des procès.
C’est la responsabilité de l’ICAC de prendre l’initiative de mener des enquêtes et de sévir contre ceux qui abusent des fonds publics.
Le catalogue d’abus dressé par le vérificateur des comptes est accablant. Dans pratiquement chaque ministère il y a un contrat suspect qui a été alloué, ou un paiement douteux qui a été effectué. Que cela soit provoqué par la gourmandise des profiteurs ou la négligence des fonctionnaires, le résultat est le même. C’est un désastre pour la trésorerie nationale.
Des stocks de médicaments périmés, valant des millions, sont jetés aux ordures, des bâtiments neufs sont défectueux mais leurs constructeurs ne sont pas appelés à rendre des comptes, des équipements de santé sont inopérants par ce que rongés par des rats dans les hôpitaux, des licences informatiques achetées à grands frais sont devenues obsolètes sans jamais avoir été installées, etc.
S’il n’y a pas un sursaut chez la commission anti corruption, le rapport du directeur de l’Audit restera lettre morte. On ne peut pas compter sur les responsables politiques, ni sur les hauts fonctionnaires, pour mettre en oeuvre les recommandations de Rajen Jugurnath. L’histoire a démontré que ceux-ci ne sont pas intéressés à assurer le suivi des scandales que le bureau de l’Audit met au jour année après année.
Quand les fonctionnaires au bas de l’échelle prendront connaissance des millions qui sont jetés par la fenêtre à cause de l’insouciance – ou de la cupidité – de leurs chefs, auront-ils toujours envie de participer aux campagnes officielles en vue de réduire les dépenses des ministères ? Pourtant, à un moment où la crise économique affecte nos marchés d’exportation et menace des pans entiers de notre économie, il faut absolument tailler dans les dépenses. Et veiller à ce que l’argent du contribuable soit dépensé judicieusement.
Seule une initiative de l’ICAC peut provoquer une onde de choc dans l’administration publique et permettre au rapport de l’Audit d’aboutir à des résultats concrets.
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