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Le tacticien
On n’est jamais au bout de ses surprises avec Navin Ramgoolam. Il a finalement retenu l’option la plus improbable pour aller aux élections. Il avait initialement caressé l’idée d’une lutte à trois puis négocié avec le MMM pendant trois mois. Finalement, il embarque le MSM dans son attelage. De plus, Navin Ramgoolam a ébahi tout le monde en accordant pas moins de 18 investitures au parti de Pravind Jugnauth.
La répartition des tickets défi e toute logique. Le MSM disposera d’une influence disproportionnée au sein de l’alliance dirigée par Navin Ramgoolam. Des sondages commandés par le PTr, et dont il n’a aucune raison de se méfier, lui donnent une force électorale imbattable. Pourtant, il prend un nouvel allié et lui offre18 tickets.
Ainsi 30 % des candidats de l’alliance bleu blanc- rouge seront des membres du MSM, un parti qui contrôle, au mieux, 10 % de l’électorat.
Navin Ramgoolam est un tacticien trop fin pour que l’on mette sur le compte d’un mauvais calcul sa générosité envers le MSM. En fait, il est probable que le leader du PTr se soit mis d’accord avec son partenaire pour que certains travaillistes déguisés en MSM se portent candidats.
Cette formule aura l’avantage de satisfaire l’égo du leader du MSM, qui peut s’enorgueillir d’avoir arraché 18 tickets, tout en garantissant au PTr une nette prédominance numérique.
L’accord conclu hier entre le PTr et le MSM apporte le dénouement d’un scénario bien ficelé entamé il y a un an. D’abord, Navin Ramgoolam envoie Pravind Jugnauth se battre contre le MMM lors de la partielle de Moka/
Quartier-Militaire, alors qu’il choisit, lui, de rester sur la touche. Ensuite, il mystifie les dirigeants du MMM et crée l’illusion de céder à leurs avances. Il feint d’être un homme indécis alors que, manifestement, il avait un objectif clair.
Grâce à cette ruse, il parvient à rendre inopérante la principale force d’opposition du pays. Quand celle-ci se rend compte qu’elle a été bernée et veut se ressaisir, c’est trop tard : le Parlement est dissout. Ainsi, le leader de l’opposition n’aura jamais l’occasion de poser sa question sur les terres de l’Etat.
Il sera difficile pour le MMM de rattraper le temps perdu. D’autant plus qu’il trouvera beaucoup d’obstacles sur sa voie. Face à la puissance de feu d’un «Sun Trust» richement doté et face à un PTr qui se sert de la télévision d’Etat pour sa propagande, le MMM aura du mal à se faire entendre.
Navin Ramgoolam dit souhaiter un débat d’idées au cours de la campagne.
Va-t-il demander à la MBC d’organiser des débats contradictoires pendant 35 jours et ensuite de faire de la communication à sens unique pendant cinq ans ?
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