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Le temps des nouvelles réformes
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Le temps des nouvelles réformes
Rien qu’à l’entendre, le mot fait tiquer plus d’un, en particulier dans le contexte mauricien. Pour cause, on se souvient que Rama Sithanen, ministre des Finances entre 2005 et 2010, avait dû brandir sa démission pour faire aboutir son projet de réforme.
Pourtant, aujourd’hui encore, les dirigeants du pays continuent à se gargariser la gorge avec les résultats de son plan de réforme. Le nouveau discours-programme du gouvernement lu à l’Assemblée nationale par la vice-présidente de la République, Monique Ohshan-Bellepeau, dans le sillage de la démission du MSM en témoigne.
Dans ce document, le gouvernement explique que la période 2005 à 2008 était la première phase de son action non sans rappeler qu’elle a été marquée par des réformes sans précédent, avec pour résultats des niveaux de croissance économique jamais atteints depuis l’an 2000.
La deuxième phase de son action économique, le gouvernement la situe durant la crise financière : celle-ci a duré jusqu’à aujourd’hui. Des actions qui, selon les dirigeants actuels, ont permis au pays de maintenir une stabilité face à la pire récession depuis 80 ans.
Suivant cette logique, nous pouvons conclure que l’heure de la troisième phase a sonné. Le temps de nouvelles réformes voire d’une nouvelle génération de réforme est venu. Face aux incertitudes qui planent sur l’économie mondiale en ces temps troubles, c’est la seule voie qui est ouverte à l’actuel ministre des Finances. Car quoi qu’on en dise, chaque jour qui passe nous montre que l’économie mauricienne se dirige tout droit vers le piège du revenu intermédiaire.
Pour cause, le modèle économique qui, jadis, a fait rêver bon nombre de pays du continent et qui nous a valu des reconnaissances internationales est en train de s’essouffler. L’éloignement du taux de croissance de 4 % en est une preuve.
Tout mettre sur le dos de la crise consiste à jouer à l’autruche. En revanche, si nous voulons vraiment réussir la transition économique, il est impératif que nous agissions le plus rapidement possible sur les freins à la croissance.
Le Budget 2013 peut se révéler être un excellent levier sur lequel le ministre des Finances, Xavier Duval, peut s’appuyer pour formuler une nouvelle série de réformes afin de stimuler la croissance et ainsi accélérer la transition vers un développement économique plus soutenu.
Il ne s’agit pas de réinventer la roue. Les obstacles sont connus. Une fonction publique qui manque d’agilité et qui ne répond pas au besoin d’une économie qui cherche à se moderniser.
Un système éducatif qui semble être coupé des besoins réels du pays. Il n’y a qu’à voir le manque d’intérêt pour les matières scientifiques et la recherche, ainsi que l’absence d’innovation à tous les niveaux.
Nous n’irons pas très loin non plus avec le système actuel de transport public. Après avoir perdu quelques places dans le classement de la Banque mondiale, le pays gagnerait également à continuer d’améliorer son climat des affaires.
La réforme des corps paraétatiques qui continuent d’être un fardeau fiscal pour le gouvernement se fait également toujours attendre, tandis que les services laissent à désirer. D’autres réformes très importantes sont aussi nécessaires pour améliorer l’efficience, la compétitivité et faciliter la diversification de nos marchés d’exportation.
Dans un pays qui compte énormément sur l’investissement public pour soutenir sa croissance, il est important de se doter des moyens pour s’assurer que les projets sont exécutés dans les temps et que le dépassement de budget n’est pas monnaie courante. L’amélioration de la fourniture d’eau, la sécurité énergétique et l’accès aérien sont autant d’enjeux pressants qui méritent une attention particulière.
Certes, il est toujours difficile politiquement de faire des réformes. Mais, dans la conjoncture ces décisions s’imposent d’elles-mêmes. Xavier Duval ne devrait pas avoir de grandes difficultés à convaincre ses collègues du gouvernement sur l’urgence de nouvelles réformes à moins que ceux-ci préfèrent le statu quo pour éviter de froisser l’électorat dans la perspective de prochaines élections qu’elles soient municipales ou générales. Si c’est le cas, il faudra cesser de rouler la population dans la farine en lui faisant accroire que Maurice est en passe de devenir un High Income Country.
Ce second exercice financier est une occasion pour Xavier Duval de semer les graines pour une véritable Growth for Greater Good.
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