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Le virage vert

26 avril 2009, 09:55

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Qui a dit : « Maurice Ile Durable (MID) is a national endeavour that requires tremendous collective efforts. » Le Premier ministre? Non. C’est le ministre des Finances, dans son discours du budget 2008-2009. Personne ne niera que la priorité du moment est de combattre les effets de la crise économique internationale sur Maurice. Toutefois, nous ferions fausse route si nous croyons qu’il suffit de s’attaquer à ce problème ponctuel. Sans continuer à fournir d’importants efforts humains – et surtout financiers – autour du développement durable. Ne nous y trompons pas, c’est cet objectif qui importe sur le long terme.

Si l’effort humain se met péniblement en place autour du développement durable, l’effort financier, lui, a déjà été consenti. Du moins sur papier. Le « MID Fund » dispose d’un fonds colossal : Rs 1,3 milliard que l’on dépense qu’avec parcimonie jusqu’ici. Ce fonds sert déjà à subventionner l’achat de chauffe-eau solaires. Il va désormais falloir instaurer de nouvelles subventions à d’autres technologies vertes. Mais aussi – Rama Sithanen n’aime pas entendre cela – desserrer l’étau fiscal sur certaines d’entre elles.

Cette semaine, la « Toyota Prius » a été lancée en grande pompe à Maurice. La première voiture hybride commercialisée à grande échelle au monde dispose déjà d’un traitement fiscal de faveur. Depuis juillet 2008, toute voiture hybride importée bénéficie d’une réduction de 50 % sur les droits de douane, la « road tax » et l’enregistrement. Malgré ce traitement de faveur, une « Prius » est vendue à Rs 1,7 million. Pour ce prix, un amateur de luxe peut se payer une prestigieuse berline allemande. Il faut populariser les voitures vertes à Maurice.

Le premier levier disponible est fiscal. Il peut aider à réduire davantage le prix des voitures vertes. Des mesures incitatives doivent ensuite prendre le relais en permettant à un acheteur de voiture d’avoir de bonnes raisons de se tourner vers les moins polluantes. Enfin, l’Etat doit lui-même donner l’exemple en faisant rentrer la voiture verte dans les mœurs et les flottes de nos administrations.

Revenons donc sur les hybrides. Nous pensons qu’il serait judicieux de pousser la logique jusqu’au bout afin de rendre une voiture hybride ou électrique entièrement duty-free à l’achat. Ainsi, une « Prius » coûterait environ Rs 375 000 moins cher. Pour être vendue à un prix toujours assez prohibitif de Rs 1,375 million. Ce qui est à quelques dizaines de milliers de roupies près, le prix d’une grosse « Honda Civic ». Cette mesure inciterait peut-être le concessionnaire local de cette marque et d’autres à importer des « clean cars ».

Un deuxième palier pourrait également être franchi en s’inspirant du système bonus/malus écologique à la française. Ou de la vision du gouvernement britannique de promouvoir le « ultra low carbon transport ». En effet, ces deux systèmes incitatifs permettent aux acheteurs de véhicules verts de recevoir une aide gouvernementale pour des achats verts.

Bien évidemment, nous n’allons pas pouvoir offrir, comme en Grande Bretagne, jusqu’à £ 5 000 (Rs 250 000) à chaque acquéreur d’une voiture verte. Mais nous pouvons imaginer un système de remise sur la TVA. Qui fonctionnerait selon trois bandes. Allant de 10 %, 5 % à 0 % dépendant du type de véhicule et sa propension à polluer. Il ne fait aucun doute que ce cadre incitatif pourrait encourager certains acheteurs à privilégier des voitures moins polluantes. Surtout si cela leur permet d’économiser plusieurs dizaines de milliers de roupies.

Mais l’exemple doit venir d’en haut en matière d’écologie. Aussi nous pensons que le gouvernement pourrait être davantage proactif. On peut penser établir la règle selon laquelle tout fonctionnaire qui fait valoir ses droits à une voiture « duty-free » devra obligatoirement fait son choix dans une liste verte de véhicules peu polluants ou à basse consommation de carburants. Si jamais ce fonctionnaire décide qu’il lui faut absolument la grosse berline allemande, il devra payer une partie des droits de douane sur sa voiture.

En Californie, le gouverneur Arnold Schwarzenegger avait encouragé ses amis du show-biz à rouler en voiture hybride pour populariser la technologie. Peu de temps après, la vente de voitures vertes avait effectivement décollé dans cet état américain. Ce type d’acquisition avait été jugé très « in » et prestigieux.

A Maurice, nous pensons à un ambassadeur de marque qui a déjà popularisé celle d’« Aston Martin » dans le pays. Et si vous, monsieur le Premier ministre, deveniez le premier acquéreur d’une voiture électrique de marque à Maurice ? Et si certains de vos ministres ou députés, en quittant leurs fonctions dans un an, s’achetaient des hybrides plutôt qu’une « Mercedes » ou une « BMW » ? Ce serait un très bel exemple, n’est-ce pas ? A coup sûr un moment marquant qui aiderait le pays à prendre son virage vert.