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Le «bashing»

18 avril 2011, 09:27

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Le «bashing»

Il faut déplorer l’émergence d’un réflexe raciste ou ethniciste chez les dirigeants du pays.

Depuis peu, ils balaient d’un revers de la main les critiques qui leur sont adressées parce que, disent-ils, ceux qui soulèvent les questions embarrassantes ont des motivations racistes. Cette attitude est totalement négative. Non seulement elle étouffe dans l’oeuf tout débat sur des sujets d’intérêt national mais elle entretient, en outre, une atmosphère malsaine de division.

Pour Navin Ramgoolam, les réserves exprimées sur le bail octroyé à la société Patel Engineering à Les Salines ne peuvent découler que d’un sentiment anti-indien. De même, ceux qui réclament plus de transparence sur le terrain alloué à la société JinFei ne peuvent qu’être animés d’un sentiment anti-chinois.

Cela importe peu, pour les dirigeants du pays, que ces mêmes critiques sont des personnes cohérentes dans leur défense des intérêts nationaux. Ils ont pu, par exemple, dans un passé récent, contester les faveurs faites à la société française Orange ou accuser la Grande Bretagne d’avoir bafoué nos droits sur les Chagos. Cela ne compte pas aux yeux de Navin Ramgoolam qui insiste que ceux-ci se livrent à du «Asia-bashing»

Le raisonnement des dirigeants politiques peut être qualifié de raciste. Car il applique une grille de lecture ethno-raciale à des prises de position citoyennes. Les dirigeants ne peuvent, avec autant de désinvolture, exclure la possibilité que des citoyens mauriciens bien intentionnés puissent légitimement interpeller les autorités sur des dossiers qui leur apparaissent préjudiciables aux intérêts du pays.

En refusant que certaines questions soient posées, en entraînant le débat sur le champ de l’émotion et des passions identitaires, le gouvernement joue un jeu dangereux. Il approfondit les clivages et misent sur la réaction irrationnelle de ceux qui croient au mythe de «nou bann» et «bann là».

Jusqu’à quand peut-il s’en sortir en invoquant l’excuse du supposé racisme de ses critiques ?

Quand un politicien en campagne exploite des thèmes racistes à des fi ns électoralistes, il est critiqué pour son opportunisme. Quand un parti qui est aux affaires trouve des raccourcis du genre «Asiabashing » pour se défendre, il peut être accusé de pratiquer du racisme d’Etat.