Au moment où les principaux titres de presse constatent que la hausse du ticket d’autobus vaudra des millions de cash-flow supplémentaire aux opérateurs, le tracé du métro, de son côté, sera finalisé cette semaine. Si l’on s’en tient aux informations déjà disponibles, le nouveau système ferroviaire reliera les principales villes du corridor Port-Louis-Curepipe.

Les ingénieurs singapouriens et les contrôleurs financiers mauriciens ont dû arriver à la formule offrant un service optimal pour le budget envisagé. Reste qu’il y aurait matière à quelques regrets si ce projet appelé à être mis en chantier dans la deuxième moitié de la présente décennie devait se contenter d’assurer le service ferroviaire interrompu à la fin des années 50.

Il ne suffit pas de procurer un moyen de transport à nos compatriotes. Il faut aussi veiller à ce qu’il soit en mesure de décourager l’utilisation de la voiture. Tant pour dégager les routes que pour la réduction des émissions de carbone, ce qui implique que l’énergie alimentant le réseau du métro soit idéalement d’origine renouvelable, tout au moins propre. Des années 80 à ce jour, on a vu se développer de nombreuses zones résidentielles à forte densité d’habitat, la Tour Kœnig, Pointe-aux-Sables, Camp Levieux, Bambous. Les catégories à plus fort pouvoir d’achat se sont installées, quant à elles, à Tamarin, Trou-aux-Biches, Grand-Baie, Goodlands.

Aujourd’hui, on assiste à une migration vers Helvétia, susceptible de se poursuivre, demain, vers Côte-d’Or. La carte de Maurice s’est profondément modifiée au cours des 30 dernières années. La cartographie du transport peut-elle rester inchangée.

La compagnie Rose-Hill Transport a senti un besoin du marché, ce qui l’a amenée à lancer son service Shopping Express, une navette entre les centres commerciaux d’Ebène, Trianon et Phœnix. Et il n’est pas interdit de s’attendre à ce qu’un arrêt à Bagatelle soit un jour inclus dans ce circuit. Admettons, néanmoins, qu’il n’incombe pas au service public - c’est bien encore de cela qu’on parle ? - d’apporter de la clientèle aux partenaires d’ENL Property. Mais quid de l’énorme pôle d’emploi d’Ebène ? Il aurait fallu - et cela a été suggéré dans le passé - qu’il y ait, sous la cybercité, un des principaux hubs du réseau de métro. Mais, au pays de l’imprévision, c’était trop demander. Reste qu’on peut difficilement imaginer que cette concentration de bureaux, voulue par nos gouvernements successifs, puisse ne pas être directement reliée au service ferroviaire. De surcroît dans une île durable qui connaît le bilan carbone de toutes les navettes.