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Les bons transfuges
IL arrive que des hommes et des femmes politiques changent de famille partisane en cours de route. Sont-ils pour autant des traîtres, comme Judas ? Pas forcément.
Si Navin Ramgoolam a exprimé une certaine colère dimanche dernier, face aux «traîtres», c’est probablement parce qu’il dispose d’informations à l’effet que des ministres s’apprêtent à abandonner sa majorité. S’il soupçonne que ses faux amis sont motivés par les rapports de force sur le terrain et non par un désaccord avec la politique de son gouvernement, son exaspération est justifiée. Le qualificatif «traîtres» convient parfaitement à ces politiciens qui se comportent comme des girouettes face au vent.
Mais quand des principes moraux ou des convictions fortes poussent un politicien à rompre avec sa famille politique, le passage d’un camp à l’autre n’est pas condamnable. Des politiciens respectés comme Sookdeo Bissoondoyal ont déjà changé d’allégeance pour des raisons parfaitement honorables.
Il est vrai que la notion de morale en politique s’est largement estompée depuis. L’opportunisme est devenu la première cause du papillonnage des politiciens. Mais on peut espérer des pratiques plus saines avec un changement de génération en politique.
Navin Ramgoolam montre du mépris envers les transfuges aujourd’hui parce qu’il sent qu’il pourrait en être victime. Il y a peu, il n’éprouvait pas la même révulsion envers des élus qui, appâtés par des maroquins ministériels, trahissaient leur parti. Alors qu’il disposait d’une majorité précaire, ses lieutenants partaient allègrement à la pêche aux transfuges. La trahison ne le dérangeait pas quand Jim Seetaram et Mireille Martin avaient démissionné du MSM pour intégrer son Cabinet.
Ceux qui retournent leur veste ne sont pas tous des Judas. Les transfuges, c’est comme le cholestérol : il y a du bon et du mauvais.
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