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Les fausses réflexions
«Il ne faut surtout pas croire que la communauté musulmane dans son ensemble veuille sauvegarder le best-loser system. Franchement, moins on en parle, mieux c’est, car les vrais soucis des musulmans sont ailleurs.» Cette réfl exion est d’Abu Abdallah et on peut la lire sur le site lexpress.mu. Ces derniers temps, il a beaucoup été question de réforme électorale. On a pu voir comment des politiciens traditionnels se sont prononcés pour le maintien du système de best loser.
Sont-ils des rétrogrades ? Bien sûr que non. Ils sont calculateurs. Et ils ont peur. Cette peur est, en fait, caractéristique de tout l’état d’esprit d’un pays. C’est la peur du changement. C’est la peur de bousculer les habitudes. Le Premier ministre parle souvent de cette nécessité de changer les mentalités.
Mais, dans ses actions aussi bien que celles de ses pairs politiciens, rien n’est fait concrètement pour réaliser ce saut conceptuel. On reste dans le convenu. Cela est dû au fait qu’à Maurice, comme dans bon nombre de pays, lorsqu’on parle de majorité silencieuse, on se trompe de groupe social. La majorité silencieuse, c’est celle qui vit dans le confort des idées reçues et dans ce fantasme d’être bien représentée au pouvoir. Elle a besoin de symbole. Elle s’enorgueillit lorsque l’un des membres de sa communauté réussit sur le plan professionnel.
Elle compte le nombre de lauréats qui appartiennent à sa communauté. C’est cela la communauté silencieuse à Maurice. Donc, il ne sert à rien de se leurrer. Le système de best loser perdurera. Les dirigeants politiques n’ont pas le courage de le changer. Et une bonne partie de la population ne veut pas que les choses changent.
En fait, il ne s’agit pas que de la communauté musulmane. Celle-ci n’en a même pas besoin. Elle s’est déjà laissée instrumentalisée par le pouvoir. Elle est dans la même logique que toutes les communautés. L’important, c’est d’avoir ses symboles au pouvoir.
Il fut un temps où on avait des convictions. Ce temps est révolu. Avoir des convictions signifi aient avoir une conscience sociale et politique. Aujourd’hui, on en est venu au règne de la «bienpensance». On fait du social.
On fait du empowerment. On donne dans les donations… Les années s’écoulent. Et malgré tous ces efforts, les problèmes empirent. Mais on peut avoir la conscience tranquille, puisqu’on a fait du social. C’est ainsi qu’évolue une société qui refuse d’affronter ses problèmes.
Alors, tout ce débat sur le best loser, ce n’est que du temps qu’on perd pour se donner l’impression qu’on est en train de réfléchir…
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