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Les larmes de Sarita
Alors qu’il affrontait la réalité de sa propre mort, Deepchand Gunness, le chauffeur du Blue Line de Sorèze, a gardé son sang-froid et s’est efforcé de sauver des vies. Le pays entier a jugé que son acte était héroïque. Mais l’enquête de la police semble s’orienter vers une mise en cause de cet ex-chauffeur. Mort, il ne pourra pas se défendre. C’est la CNT qui, malgré elle, prend sa défense dans un rapport confi dentiel soumis le 13 juin et dont le contenu a été révélé dans notre numéro de mardi.
Prenant connaissance du rapport dans lequel la CNT admet ses torts, la veuve du chauffeur, Sarita Gunness, essuie ses larmes. Elle exprime son soulagement. «Je savais que la vérité allait éclater», dit-elle en recevant notre journaliste Estelle Bastien mardi soir. (Voir en page 4).
Ce rapport de la CNT, connu sous le nom technique de Board Paper 467/03 et signé de Robin Soonarane, directeur de la compagnie, devrait devenir le livre de chevet des enquêteurs de la police et de l’ICAC. Il est plein d’enseignements et apporte un éclairage non seulement sur le drame humain de Sorèze mais également sur les turpitudes de la passation des marchés publics à Maurice.
Par exemple, l’on apprend qu’une délégation de la CNT avait inspecté un modèle du Blue Line en Inde avant l’expédition des autobus à Maurice et avait certifié qu’il correspond aux spécifications de l’appel d’offres. Or, écrit Robin Soonarane, «it turned out that this statement was misleading…» Plus loin, on relève des termes d’horreur : «weaker, brittle, highly inflammable,… significant corrosion… unavailability of spare parts», etc.
Après le choc de l’horrible accident, la famille Gunness a été atteinte dans son honneur par les conclusions présumées de l’enquête policière. Mais le rapport Soonarane ne permettra pas que la mémoire de Deepchand Gunness soit souillée.
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