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Les mensonges des demi-médecins
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Les mensonges des demi-médecins
Lexpres.mu a, à maintes reprises, souligné sur ce blog santé que trois qualités importantes sont requises pour être un bon médecin. Des qualités médicales, relationnelles et éthiques, qualités que des centaines de médecins recrutés par l’Etat ces derniers temps ne possèdent absolument pas.
Ceux-là sont majoritairement des médecins – en vérité moins que des demi-médecins – formés dans des pays de l’Est ou en Chine et que le public mauricien a baptisé du nom de « dokter poule ».
L’express a commencé à tirer la sonnette d’alarme dès 2000 sur la médiocrité de ces dangereux médecins et ce n’est que 13 ans plus tard que le gouvernement est venu imposer un examen de fin d’internat pour jauger ces médecins avant de leur permettre de pratiquer à Maurice.
Les premiers examens du genre, dont les résultats sont tombés cette semaine – 11 des 13 candidats ont échoué – est en fait un questionnaire à choix multiples (QCM) comportant 200 questions pour tester les connaissances médicales uniquement de ces jeunes qui ont fait au moins cinq ans d’études médicales et 18 mois d’internat. Nous aurons, semble-t-il, encore longtemps à attendre avant que l’Etat ne décide également à tester les deux autres qualités qu’on attend de ces médecins, c’est-à-dire les qualités relationnelles et éthiques.
On arrive à se faire une bonne idée de l’éthique, du pauvre niveau intellectuel et de l’immaturité émotionnelle de ces jeunes médecins de formation douteuse à travers leurs commentaires qui ont suivi la publication des articles sur le taux d’échec aux examens de fin d’internat sur notre site d’information. Bien d’autres commentaires de ces mêmes médecins, publiés sur notre blog santé au fil des mois, mettent en évidence la façon dont ils s’accrochent à l’illusion qu’ils sont d’excellents médecins. Ils se disent souvent meilleurs que les médecins de formation européenne.
S’il y a eu, selon eux, tant d’échecs aux récents examens de fin d’internat, c’est simplement et principalement parce que les questions portaient sur le programme d’enseignement (syllabus) des écoles de médecine de l’Inde. Deuxième raison, toujours selon ces médecins, de ce taux catastrophique d’échecs : les 13 candidats n’ont eu que 15 jours pour se préparer à ces examens. Troisième raison : ces examens sont inappropriés et même nos meilleurs spécialistes ne parviendront pas à décrocher la moyenne à ce type de QCM. Quatrième raison : ils n’ont pas été suffisamment coachés dans nos hôpitaux par les spécialistes qui avaient pour tâche de les guider pendant leur internat.
Ces raisons relèvent de la malhonnêteté intellectuelle dans sa forme la plus abjecte. C’est une vaste escroquerie qui commence à se mettre en place pour que les examens de fin d’internat du Medical and Dental Council soient abolis.
Il est vrai que le QCM est préparé par le National Board of Examinations de l’Inde, qui prépare aussi le questionnaire du Foreign Medical Graduates Examinations pour évaluer les Indiens ayant étudié la médecine en Chine, en Afrique – y compris Maurice- ou encore dans un pays de l’ex-URSS.
Mais il est faux de dire que le QCM destiné aux Mauriciens est basé sur le programme d’études de médecine de l’Inde. Le QCM des Mauriciens a été préparé uniquement pour nos médecins et comporte seulement 200 questions, en non 300 comme en Inde. Les 200 questions portent uniquement sur les examens cliniques que toute personne qui veut pratiquer la médecine doit maîtriser.
Les 13 candidats mauriciens, parmi lesquels on comptait 7 dentistes, ont été interrogés sur les signes physiques, les signes fonctionnels, les symptômes que peuvent présenter des malades ainsi que sur des examens complémentaires par imagerie médicale ou analyses médicales et biologiques. Ils ont été principalement interrogés sur les différentes façons de relever ces signes afin de poser un diagnostic.
Seuls deux candidats, ayant étudié en Inde, ont répondu correctement à la moitié des 200 questions. Les autres, ayant étudié dans des pays de l’Est, n’ont pu arriver à la barre des 50 %, quoique l’un d’entre eux soit parvenu à la barre des 40 %.
Il est extrêmement choquant de constater qu’après cinq ans d’études médicales et 18 mois d’internat, ces jeunes n’arrivent pas reconnaître les signes et symptômes – visible ou après interrogatoire du malades, et ne maîtrisent pas la panoplie des examens complémentaires devant être exigée.
Ceci explique probablement les causes du récent décès d’une vielle dame qui était passée par l’hôpital Jeetoo après un accident de la circulation et qui avait été renvoyée chez elle après avoir été auscultée par des médecins. Elle devait succomber à ses blessures internes chez elle.
On parle là d’un cas flagrant connu de mauvais diagnostic. On ne sait combien de personnes nos demi-médecins ont ainsi tué. Il y a là une raison suffisante pour maintenir ces examens et pour les étoffer avec d’autres séries de questions comme, par exemple, la pharmacologie.
Il faut aussi se dire que celui qui obtient une moyenne de 50 % à ces types d’examens est en fait un médecin de deuxième, voire de troisième catégorie.
La question qui se pose maintenant concerne ceux, formés dans des pays de l’Est ou en Chine, qui n’ont pas pris part à ces examens, et qui ont été recrutés dans nos hôpitaux. Ils sont environ 450, et on les retrouve dans tous les hôpitaux du pays. Certains sont déjà passés ‘spécialiste’, comme ce médecin qui a été condamné récemment à neuf mois de prison pour avoir commis une série d’erreurs lors d’une césarienne sur une femme qui est morte à la suite de ces erreurs médicales. Ce médecin, qui a donné avis d’appel, a été formé comme généraliste en Russie où il s’est spécialisé environ deux ans avant de commettre l’irréparable lors d’un accouchement par césarienne à l’hôpital Candos.
Nettoyer notre système de santé publique consistera à débusquer ces demi-médecins et à débarrasser nos hôpitaux de ces dangereux généralistes et spécialistes de quatre sous. Le pays commence à recevoir un certain nombre de médecins qui se sont spécialisés en Chine. Un examen pour jauger ces ‘spécialistes’ avant leur recrutement serait des plus judicieux.
Autrement ils transformeront nos hôpitaux en abattoirs.
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