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Les points sur les i

La vengeance est un plat qui se mange froid. Rundheersing Bheenick, le gouverneur de la Bank of Mauritius (BoM) aura ainsi patiemment mûri sa réponse à Xavier-Luc Duval. On se rappelle que mi-octobre le ministre des Finances avait annoncé que la surévaluation de la roupie avait coûté au pays un point de croissance en 2012. En apportant de l’eau au moulin des partisans d’une dévaluation et d’une baisse du taux repo, Xavier-Duval lançait également une véritable déclaration de guerre à la banque centrale. A chaud, le gouverneur s’était contenté d’évoquer une « blague » mais c’était mal connaître le personnage de penser qu’il en resterait là. De fait le lundi 5 novembre, lors du dîner de gala organisé par la BoM à l’occasion de la seconde réunion en Afrique de l’Official Monetary and Financial Institution Forum (OMFIF), il a tenu à mettre les points sur les i.
Afin d’être inattaquable, il a basé son argumentaire sur cinq extraits tirés de la dernière consultation annuelle de l’article IV du Fonds Monétaire International (FMI) et du récent rapport spécial intitulé « Mauritius External Balances from a Long Term Perspective ». En résumé, le FMI reconnaît que la roupie est légèrement surévaluée par rapport aux fondamentaux de l’économie mauricienne. Mais les économistes de l’institution soulignent qu’il existe une incertitude significative sur l’ampleur de cette surévaluation. Le taux de changes est considéré comme l’un des outils pour lutter contre les déséquilibres.
Mais s’il est sans doute partiellement efficace à court terme, il est aussi probablement le plus inefficace à long terme. D’où l’avis que les interventions sur le taux de changes devraient avant tout limiter l’excès de volatilité de la monnaie. Le FMI souligne également que la compétitivité mauricienne en général (en dehors des questions de taux de changes) paraît avoir décliné en rapport avec les exportations, la productivité du travail, la progression des coûts unitaires du travail et d’autres indicateurs structurels de compétitivité.
Le Fonds précise aussi que la récente force de la roupie est liée à la dépréciation de l’euro et à la détérioration des conditions dans la zone euro. Au final, il donne un coup de chapeau à la BoM en soulignant que son intervention sur le marché des changes a généralement été efficace en atténuant la volatilité des taux de changes de la roupie. Pour Rundheersing Bheenick, l’argument selon lequel la BoM aurait été mal avisée dans ses interventions sur le marché des changes ne tient donc plus. Selon lui, les conclusions du FMI vont également à l’encontre de l’idée selon laquelle le sauvetage des exportations passe par une parité de la roupie décidée par la banque centrale. La démonstration du gouverneur prend tout son sens quand on sait qu’elle a eu lieu devant un parterre composé du président de la République Rajkeswur Purryag, du secrétaire financier Ali Mansoor, de banquiers centraux africains, de plusieurs anciens banquiers centraux européens et de la fine fleur des banquiers mauriciens.
Lors de ce dîner, un autre gouverneur de banque centrale, celui de la Banque du Nigeria a également mis les points sur i, sur l’Afrique cette fois-ci. Sanusi Lamido Sanusi a tenu à démythifier le Continent Noir et à réveiller ceux qui fantasment sur ce nouvel Eldorado. Le Nigeria est le 7ème producteur mondial de pétrole pourtant il importe ses produits pétroliers. Ce pays est le premier importateur africain sinon mondial de générateurs car il ne produit pas sa propre électricité.
Il importe de Chine des quantités astronomique de pâte de tomate au lieu d’en produire. Selon Sanusi Lamido Sanusi, il ne faut pas s’extasier devant la croissance de 6% attendue pour l’Afrique car le taux devrait être d’au moins 12%. Mais pour atteindre ce niveau, il faudrait résoudre les problèmes de corruption, d’infrastructures et de productivité. Des freins à la croissance que connaît également un certain petit pays insulaire de l’Océan Indien.
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