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Les samedis matins de Paul

13 décembre 2008, 18:59

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La règle d’or en communication, c’est de délivrer le bon message pour être sûr d’atteindre sa cible. Lorsqu’il est question de communication politique intervient un autre élément crucial. Soit sa capacité à séduire, à charmer et à conquérir.

A l’île Maurice, il a toujours existé une conviction qui veut que le contenant ne peut déterminer le contenu. Du moins, c’était le cas parmi les anciens, dont les Jugnauth père, Bérenger… Puis est arrivé Navin Ramgoolam. La galanterie qu’il exerce au contact de l’électorat, sa manière d’utiliser sa personne pour faire du charme alliées à un parti qui croit en la communication politique ont permis au PTr de se développer comme une redoutable machine à communiquer. Ses adversaires le savent. Et ce n’est pas étonnant que, souvent, la principale critique adressée à l’égard de Navin Ramgoolam soit le fait qu’il serait quelqu’un de superficiel.

Qu’importe! Navin Ramgoolam a compris quelque chose et il la met correctement en pratique. Par contre, le Mouvement Militant Mauricien (MMM) continue à s’enliser dans l’exercice le plus barbant en communication: la conférence de presse. Le leader de ce parti donne quasiment, chaque samedi, rendez-vous aux journalistes pour sa rencontre hebdomadaire avec les médias.

Il m’est arrivé d’entendre une réflexion qui en dit long sur l’efficacité de ce procédé. C’est un journaliste d’un certain âge qui revient d’une conférence de presse de Paul Bérenger alors que ce dernier était Premier ministre en 2003-2005. Il a l’air un peu dépité. Il aurait préféré faire autre chose un samedi matin. N’empêche, on ne rate pas une conférence de presse d’un Premier ministre. Ce journaliste a trouvé la bonne réflexion qui résume toute la situation. Il rappelle d’abord que, dans un passé pas si lointain, lorsque le Premier ministre organisait une conférence de presse, c’était un véritable événement pour les journalistes. Il souligne ensuite que, c’était les journalistes les plus chevronnés, voire des rédacteurs-en-chefs, qui s’y rendaient. Dans le cas de Paul Bérenger, il nous fait remarquer que l’exercice est devenu une routine. Que les responsables de rédaction y envoient souvent des novices qui vont se faire la main.

Aujourd’hui qu’il n’est plus Premier ministre, et même en étant Leader de l’Opposition, Paul Bérenger persiste avec ses conférences de presse hebdomadaires. S’entêtant à donner l’impression qu’il ne parle qu’à lui-même. Risquant de banaliser sa parole. Certes, quelque part, il doit se dire que c’est très important que ce qu’il pense être le plus rapproché des faits soit mis noir sur blanc. Mais quelle est la pertinence de parler à l’Histoire quand on veut encore croire avoir un présent?

En fin de compte, les conférences de presse de Paul Bérenger produisent trois effets.

Primo, elles témoignent de la volonté d’un homme qui, quitte à voir sa parole prise dans un déluge d’interventions diverses, tient à donner sa version des faits. Il y a là une incapacité à laisser parler. C’est pourtant paradoxal chez un homme qui est capable de se taire face aux attaques personnelles!

Secundo, elles ont fini à rendre prosaïque le discours de Paul Bérenger. La règle est simple: ce qui est rare est désiré.

Tertio, et c’est le plus grave pour le MMM et ses hautes ambitions, ces conférences de presse ont fait de James-Burty David l’interlocuteur, sinon le double allégorique de Paul Bérenger au Parti Travailliste. Ce n’est pas Navin Ramgoolam, présenté comme principal adversaire du leader mauve, qui répond à ce dernier. C’est James-Burty David. Et celui-ci s’amuse à se jeu…

Bref, le MMM et son leader souffre d’un réel déficit de communication. Pourtant, ce n’est pa s sorcier, non?