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Les sirènes de l’étranger

L’étranger a la cote en ce moment à Maurice. Le gouvernement a décidé de se tourner davantage vers les bailleurs de fonds internationaux pour trouver des financements. Il vient par exemple de solliciter la Banque mondiale pour plus de Rs 2 milliards. La «Bank of Mauritius» étudie le projet de lancer un grand emprunt d’Etat sur le marché international des capitaux. Les investisseurs étrangers sont reçus à bras ouverts qu’ils soient chinois à «Jin Fei» ou indiens pour «Neotown». Les investissements directs étrangers (IDE) sont d’ailleurs repartis de plus belle en 2010 pour atteindre quelque Rs 11 milliards.
Les grandes entreprises et les banques, elles, multiplient les implantations hors de nos frontières. «Ciel Textile» s’est installé à Madagascar, en Inde et au Bangladesh. «Ciel Agro- Industry» a repris une sucrerie en Tanzanie. Au Mozambique, les implantations se multiplient. Après le sucre, la volaille et la restauration, c’est la culture de riz qui intéresse maintenant les investisseurs mauriciens. De son côté, la «Mauritius Commercial Bank» (MCB) s’est installée aux Seychelles, aux Maldives, au Mozambique et à Madagascar. «Afrasia Bank» dispose d’un bureau de représentation à «Cape Town». Les acteurs du tourisme font les yeux doux aux Indiens, aux Chinois et aux Russes pour diversifier leurs marchés. Quant aux financiers, ils rêvent de créer un hub pour canaliser les investissements asiatiques vers l’Afrique.
Il serait toutefois illusoire de penser que l’étranger constitue la panacée. Les comptes de «United Basalts Products» (UBP) sont régulièrement affectés par les activités du groupe aux Maldives et au Sri Lanka. L’Afrique représente certes un Eldorado mais il n’est pas simple d’y travailler. La crise politique en Côte d’Ivoire a par exemple conforté «Harel Frères» dans son projet de vendre ses participations dans «Sucrivoire», une des deux usines sucrières du pays. «Phoenix Beverages» a dû batailler pendant de longs mois avant d’obtenir le feu vert des autorités malgaches pour démarrer ses activités de brasseur dans la Grande île.
La décision du gouvernement de recourir plus souvent à des emprunts à l’étranger provoque quelques grincements de dents chez les banquiers accusés d’entretenir un excédent de liquidités en ne prêtant pas assez. Selon eux, si l’Etat empruntait davantage en roupies sur le marché domestique, cela permettrait d’éponger les liquidités et donc de réduire l’excédent de cash qui porte en lui des germes inflationnistes.
Les financiers remarquent également qu’en empruntant en roupies l’Etat ne s’exposerait pas au risque de changes. Le recours accru aux bailleurs de fonds internationaux pourrait aussi entraîner une plus grande mainmise de certaines institutions comme le Fonds monétaire international sur la gestion de l’économie du pays. Il s’agit donc de réfléchir à deux fois avant de céder au chant des sirènes de l’étranger.
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