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Les valeurs d’une utopie

2 juin 2011, 06:24

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Ça y est, on est près d’en tenir un. Bon, ce n’est pas Lee Kuan Yew, mais c’est tout de même le président singapourien. Sellapan Ramanathan, en visite officielle du 4 au 7 juin, devra tout dévoiler et distiller des conseils dans le creux des oreilles gouvernementales : comment faire pour qu’on se «singapourise» au moins ene tigit ?

En attendant peut-être ses réponses, ce numéro thématique de l’express iD décrypte le succès singapourien. On le sait, une partie de l’élite politique et économique rêve d’un avenir aussi radieux pour Maurice.

Voilà, l’utopie singapourienne revient sur le devant de la scène. Pour rappel, une utopie c’est «une société idéale mais imaginaire ; un projet dont la réalisation est impossible» (Larousse 2011). Singapour, l’idéal de notre imaginaire ? Si on s’en tient, entre autres, à sa croissance économique (14,7 % en 2010 contre 4,1 % pour nous), à ses innovations (5 455 brevets en 2008), à sa criminalité et son chômage presque inexistants, oui, Singapour approche de la perfection. Mais, cela a un prix : autoritarisme, liberté d’expression bafouée, labeur sans relâche, ratio de peines capitales par tête d’habitant le plus élevé au monde...

Une «démocratie autoritaire» à la sauce mauricienne, ça tournerait vite au vinaigre.

La réussite de Singapour relève d’un ensemble de valeurs à la base d’une idéologie : l’«asiatisme ». C’est immatériel, diffus, et pourtant bien concret compte tenu des résultats. Ces valeurs confucéennes, dites «valeurs partagées», imbibent la société singapourienne.

Cet «asiatisme» affiché et mis en pratique par Lee Kuan Yew se décline en cinq points :

(i) la nation avant la communauté et la société avant l’individu ; (ii) la famille comme unité de base de l’individu ; (iii) la considération pour l’individu (méritocratie) et le soutien que lui apporte la communauté ; (iv) le consensus plutôt que les querelles ; (v) l’harmonie raciale et religieuse. Le père fondateur de Singapour a donné un contenu politique à ces valeurs confucéennes, légitimant ainsi le dirigisme étatique.

A Maurice, des valeurs, il y en a une pléthore.

Mais elles ne vont pas toutes dans le même sens et ne sont pas toujours assumées.

Entre le discours sur la méritocratie et les faveurs accordées aux «petits copains», entre le mauricianisme loué et les calculs sectaires, entre le développement durable et la folie du béton, notre boussole de valeurs a fini par perdre le nord.

 

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