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Les virtuoses du double jeu

20 janvier 2011, 08:54

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Les misères d’un pays peuvent-elles toutes trouver leur synthèse dans des formules et des prises de position simplistes et radicales ? Il faut croire qu’on peut répondre positivement à cette question lorsqu’on prend le cas de Maurice. En effet, nos dirigeants ont trouvé la parade pour résoudre tous les enjeux sensibles. Une touriste est trouvée assassinée dans un hôtel.

Réintroduisons la peine de mort ! Des fonctionnaires qui ne feraient pas bien leur travail. Ils doivent savoir qu’ils sont là pour servir le peuple ! Des nominés politiques font la pluie et le beau temps dans certains corps paraétatiques. Ils auront à assumer leurs responsabilités et nos gouvernants seront impitoyables à leur égard !

Bref, on l’a compris. Dès qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans ce pays, soit on identifie des boucs émissaires, soit on prend des positions radicales pour bien montrer qu’on est du côté du petit peuple. Un peuple qui, soit dit en passant, est très complaisant à l’égard de ceux qui savent lui dire que ce qu’il veut entendre. Mais cela ne dispense pas pour autant nos dirigeants de remplir leurs obligations.

Le populisme et le clientélisme électoral sont la marque de fabrique de nombre de nos politiciens. On le savait déjà. Mais on ne pouvait se douter que notre landerneau regorgeait de maîtres de la duplicité. C’est un dangereux virus qui gangrène notre société. Une société du soupçon à laquelle il faut désormais rajouter aussi l’expression de «société de la peur». Car, si on a des dirigeants qui ne sont jamais responsables, cela implique que c’est forcément le citoyen qui est responsable de tous les maux. A ce jeu, une certaine classe politique contemporaine est imbattable.

On pourrait certes rétorquer que ce n’est pas elle qui avait consacré la formule : «Pa mwa sa, li sa !». C’est vrai. Mais, aujourd’hui, on a atteint un tel degré de sophistication de cette formule que toute critique contre les gouvernants est devenue un crime de lèse-majesté. Vous voulez l’illustration la plus flagrante ? Dites à certains de nos dirigeants politiques qu’ils pratiquent lecommunalisme, ils hurleront sur tous les toits que c’est vous qui êtes à la solde d’une bourgeoisie traditionnelle, pour ne pas dire blanche !

Ils sont, c’est vrai, devenus des experts dans la pratique de l’esbroufe. A ce jeu, aucun moyen de les contrer. Puisqu’il y a toute une petite «masse» bruyante qui les encense et qui, par calcul ou par candeur, croit véritablement qu’ils sont là pour redresser des torts et trouver de nouveaux équilibres. Pourquoi s’en offusquer ? Puisque la grande masse «silencieuse » a déjà fait le choix d’être le dindon de la farce…