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Leçon tunisienne

18 janvier 2011, 12:02

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Ce qui vient de se passer en Tunisie devrait faire trembler tous les dictateurs et les régimes autocratiques de l’Afrique. Ce pays a chassé du pouvoir le dictateur Ben Ali. Confronté à la colère de son peuple, l’ex-président a été contraint de fuir son pays vendredi dernier, après 23 ans de règne.

Ben Ali a jeté l’éponge après avoir tenté en vain de mettre un terme, par une répression sauvage, à un mois d’émeutes et de manifestations. Il a finalement trouvé refuge en Arabie saoudite. Sa femme, également en fuite, se trouverait, elle, à Dubaï. Comme tout dictateur, il est parti avec une partie du butin qu’il a accumulé au cours de ses années de pouvoir. La famille du président déchu se serait enfuie avec 1,5 tonne d’or, selon le journal français Le Monde. La fortune de Ben Ali est estimée à 5 milliards d’euros par le magazine américain Forbes.

Les causes qui ont provoqué l’effondrement de son régime sont fréquentes sur le continent africain. On peut en citer les plus importantes : cherté de la vie, corruption et répression. Beaucoup de pays en Afrique sont minés par les mêmes maux. Le soulèvement populaire tunisien est un avertissement à tous leurs dirigeants.

Il n’y avait pourtant pas de signes annonçant que la fi n du régime était si proche. Chacun pensait que la révolte qui avait démarré en décembre serait rapidement réprimée dans le sang et que l’apaisement social n’était qu’une question de jours. Un ministre français a admis que son gouvernement s’est trompé sur la nature du problème tunisien : «Sans doute avons-nous, les uns et les autres, sous-estimé le degré d’exaspération de l’opinion publique face à un régime policier et dictatorial.»

L’élément déclencheur de la révolte qui a fi ni par ébranler le régime autoritaire de Ben Ali aura été le geste fort d’un citoyen ordinaire, Mohammed Bouazizi. Ce jeune Tunisien s’est immolé par le feu le 17 décembre 2010. Son geste symbolique a frappé suffisamment les esprits pour donner à ses compatriotes l’envie de descendre dans la rue et combattre le dictateur Ben Ali. Il y a eu 70 morts pendant les manifestations, mais cela n’a guère affaibli le vent de révolte.

Les événements en Tunisie ont surpris les observateurs parce que ce pays a toujours été bien noté par les médias occidentaux et les Fondations qui mesurent la bonne gouvernance dans les pays africains. On disait souvent que la Tunisie était un pays stable, que son économie progressait à un rythme appréciable, que l’information circulait librement, que sa politique libérale favorisait la femme et que les classes moyennes y vivaient confortablement. Bref, que la Tunisie, c’est un plaisir.

Raj MEETARBHAN