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Lois du travail : la balle est dans le camp de Shakeel Mohamed
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Lois du travail : la balle est dans le camp de Shakeel Mohamed

Le ministre du Travail, Shakeel Mohamed, planche actuellement sur des amendements qui seront bientôt apportés à l’encadrement légal du travail. « Je travaille sur ce dossier en ce moment. C’est tout ce que je peux dire», a-t-il déclaré à l’express.mu.
L’affaire est en tout cas jugée assez importante pour que les employeurs sortent de leur silence, pour dire qu’il faut privilégier la continuité. La réaction patronale était une manière de répondre à la campagne que mènent actuellement les syndicats, dont la CSG Solidarité d’Ashok Subron.
«Nous sommes pour des amendements, aussi longtemps que l’on garde la même philosophie que la première réforme de 2008. Il ne faut surtout pas faire marche arrière», insiste le directeur de la Mauritius Employers Federation (MEF), Azad Jeetun.
L’histoire des lois du travail à Maurice, comme partout ailleurs, est une histoire de combats. Durant la période contemporaine, le secteur privé a mené un combat acharné pour la réforme des lois du travail, jugées trop rigides, contre-productives et n’encourageant pas la création de nouveaux emplois. Le secteur privé a été soutenu dans sa campagne par de puissants alliés, comme la Banque mondiale et le Fond Monétaire International, entre autres. A l’époque du capitalisme triomphant, il était de bon ton d’adopter une approche libérale par rapport aux lois du travail. Et Maurice adopta en 2008 deux nouvelles lois : l’Employment Rights Act et l’Employment Relations Act. Ce qui nous fit progresser de quelques places dans le classement des pays où il était le plus aisé de faire des affaires. Les institutions de Bretton Woods apprécièrent également.
Mais les syndicats ont contre-attaqué assez rapidement. Ils n’ont eu de cesse de profiter de chaque fermeture d’usine et de chaque licenciement pour s’en prendre aux nouvelles lois du travail, qu’ils jugèrent trop permissives et responsables des fermetures. C’est parce que les patrons ont maintenant tous les droits et les travailleurs aucun, résumèrent les syndicats. Aujourd’hui encore, cela représente l’essentiel de leurs récriminations et revendications. Pour Azad Jeetun la question de réformer les lois du travail ne saurait se résumer au «hire and fire». Pour les syndicats, c’est la clef de voûte du système.
Le directeur de la MEF insiste sur le fait que l’annulation du Termination of Contract Service Board, tout comme la plus grande flexibilité pour restructurer ou fermer des entreprises, n’est pas directement responsable des fermetures elles-mêmes.
En 2010, il y a eu sept fermetures d’entreprises et 459 pertes d’emplois. Les nouvelles lois du travail étaient déjà en vigueur. En 2005 par contre, sous l’ancien régime légal, il y a eu 54 fermetures et 7 651 licenciements. Ce ne sont pas les lois, mais le contexte économique qui provoque des fermetures, argue Azad Jeetun. Difficile de faire comprendre ce raisonnement, face au licenciement d’une poignée de travailleurs de l’hôtellerie – officiellement pour des raisons de difficultés économiques – alors que l’établissement est en pleine rénovation. L’équilibre entourant la délicate question du licenciement est sans doute une question de positionnement du curseur : trop près des syndicats, les patrons gueulent ; trop proches des patrons et ce sont les syndicats qui gueulent. Outre la difficulté à trouver un juste milieu, il y a également une perception à appréhender. Les partenaires sociaux doivent pouvoir s’entendre et travailler ensemble pour que le pays progresse. Ce sera le premier test sérieux pour le ministre Shakeel Mohamed. A lui de démontrer qu’il n’a pas hérité que d’un patronyme illustre.
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