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L’universel émoi

15 mai 2013, 10:16

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L’universel émoi

Une des pires choses qui pourrait nous arriver serait de laisser ethniciser nos inquiétudes et notre désarroi.

 

Éprouver de la compassion pour la population de la bande de Gaza n’est pas réservé aux coreligionnaires de la majorité des Gazaouis. Être préoccupé par la précarité des droits consentis aux ahmadistes et aux chrétiens au Pakistan est un enjeu universel pour les droits de l’homme et non un souci partagé uniquement par ces deux familles religieuses. De même, la dénonciation du gouvernement de MM. Rajapaksa et Jayaratne au Sri Lanka ne peuvent pas être, à Maurice, que la responsabilité de compatriotes d’origine tamoule. Cela concerne tous les Mauriciens.

 

Pays riche d’histoire et de culture, en mesure comme nulle autre île, par la grâce de la géographie, de prendre avantage de la proximité de l’Inde et, plus particulièrement du Power House intellectuel et industriel qu’est le Tamil Nadu, le Sri Lanka n’a pas su être à son grand voisin ce que Hong Kong est à la Chine. Très largement en raison d’un conflit insensé entre deux nationalismes, d’une quasi-sécession du Nord et de l’Est de l’île, d’une violence aveugle, sur l’île comme en Inde. Du moins là où le Premier ministre indien Rajiv Gandhi a été assassiné par la militante du Tamil Eelam Thenmozi «Gayatri» Rajaratnam. C’est l’histoire d’un pays qui se déchire, où de nombreux membres de deux communautés - quels que puissent être les torts effectifs de l’une et de l’autre - sont clairement coupables de refus du pluralisme. Et cela produit une machine à discriminer, à réprimer, à tuer. Ceux qui tentent de favoriser le dialogue, de tendre des passerelles, comme le Centre for Policy Alternatives et son directeur, P. Saravanamuttu, ne sont attaqués des deux côtés.

 

La dégradation des rapports entre les politiques à Colombo et le reste du pays a atteint un point tel que le Parlement a adopté, le 11 janvier dernier, une motion d’impeachment contre la chef juge, le Dr Shirani Bandaranayake. Bar Human Rights Committee, association internationale de juristes, a demandé à Geoffrey Robertson d’enquêter sur ce qui a conduit à cette situation. Dans son rapport, il note que la chef juge a été victime d’une chasse aux sorcières, humiliante et indigne. Les agresseurs et l’agressée sont cinghalais, une ethnie absente de notre cocktail. Ce n’est pas pour autant que l’indifférence est de mise.