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L’ami Valayden
Le Premier ministre ne rate jamais une occasion de rappeler qu’il est le patron. Or Navin Ramgoolam continue à se montrer timide et réservé au sujet de la déclaration de Rama Valayden, qui a affirmé que les créoles sont davantage victimes de brutalité policière. Jusqu’ici, dans sa seule éclaration publique à ce sujet, le Premier ministre a choisi d’invoquer les statistiques. Qui démontrent, selon lui, que l’affirmation de l’« Attorney General » est erronée. Du coup, Paul Bérenger en déduit que « Ramgoolam n’a ni le courage, ni la capacité de révoquer Valayden ». La conclusion est hâtive et inexacte.
La réaction de Ramgoolam est en fait bien calibrée. Chacun y trouve son compte. Ceux qui se sont offusqués de la sortie de l’« Attorney General » prennent note du discret rappel à l’ordre par son patron. Même Eric Guimbeau, qui ne manque pas une occasion de fustiger le Premier ministre, s’est dit « rassuré » par ses propos. Autant pour ceux qui craignaient que Valayden n’incite à la haine raciale et sape la crédibilité du bureau de l’« Attorney General » sans se faire taper sur les doigts.
Mais il ne faut pas se leurrer. Cet épisode arrange en fait les intérêts de Ramgoolam. D’un côté, il calme l’opinion publique et tous ceux qui craignent la réédition des événements de février 1999. De l’autre, il envoie un signal envers la communauté créole.
Pour l’heure, seul Paul Bérenger croit que l’électorat urbain – plus précisément les créoles – est en train de refluer massivement vers le MMM. Dans la réalité, l’effet Grégoire est passé par là. Attentiste, une bonne partie de ces électeurs cherche des preuves de bonne volonté de part et d’autre. Et s’apprête très probablement à voter pour le parti qui lui offrira le meilleur « deal » aux prochaines élections.
En ne révoquant pas Valayden, en ne l’attaquant pas et en rappelant que Valayden est son « ami », Ramgoolam vient de donner un gage. Il vient de faire comprendre que ceux qui prennent – même maladroitement – la défense de la communauté créole ont leur place dans son gouvernement. Car c’est vrai que la déclaration de Valayden a été très bien accueillie par tous ceux qui se sentent « moins égaux » sur le plan socioéconomique que les autres citoyens du pays. L’affaire devient d’autant plus intéressante pour Ramgoolam quand on sait que cet électorat et celui-là même qu’il doit conquérir. Afin que les candidats de son équipe réussissent à percer, notamment à Grand-Rivière-Nord-Ouest–Port-Louis-Est, Curepipe-Midlands ou Stanley–Rose-Hill.
Nous sommes en pleine phase de consolidation de l’Alliance sociale dans ce segment de l’électorat. Pour y arriver, le cheval de Troie du PMXD a été remplacé par le coq historique et symbolique du PMSD. Rama Valayden, Xavier Duval et Maurice Allet se sont mués depuis quelque temps en ambassadeurs de Ramgoolam auprès de la population urbaine. Ils roulent pour Ramgoolam. Pour cette majorité parlementaire des trois-quarts que le Premier ministre rêve d’avoir. Et c’est certain, Ramgoolam ne prendra pas le risque, pour l’heure, de se priver d’une quelconque aide pour atteindre son objectif…
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