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L’Escadron de l’Amour
Sans doute faut-il se réjouir que les hommes encagoulés qui ont fait une irruption intempestive dans les locaux du ministère de l’Egalité des genres n’étaient pas armés comme, de triste mémoire, ceux de l’Escadron de la Mort. Malgré la feinte ignorance de la ministre Sheila Bappoo, ces hommes masqués n’étaient munis que de quelques…. flèches : celles de Cupidon ! Qui n’étaient pas moins empoisonnées par l’aveuglement des émotions confuses et ambiguës.
Leur opération coup de poing n’était pas, disons, belliqueuse. Quand on veut prendre d’assaut ou si l’on veut braquer un ministère, on ne demande pas à parler à la ministre de tutelle encore moins à son secrétaire permanent. Ces hommes manifestement font partie d’un commando d’un type nouveau : l’Escadron de l’Amour avec pour mission de rapprocher deux êtres qui s’aiment et que tout semble vouloir séparer en ce moment. A la limite, coûte que coûte pour faire plaisir à un chef charismatique, quitte à terroriser quelques fonctionnaires inoffensifs et quelques parents récalcitrants.
Du moins, c’est une option possible qui vient épaissir le scenario déjà compliqué de ces relations entre le leader du FSM, Cehl Meeah, et de cette mineure – mais dont les seize ans lui permettent quand même d’avoir des rapports sexuels – déterminée à obtenir ce qu’elle veut.
A Maurice, les histoires d’amour compliquées passionnent l’opinion plus qu’un sanglant fait divers. Celle qui tient le pays en haleine depuis deux semaines contient tous les éléments d’un feuilleton à rebondissements.
Les ingrédients, on le sait, qui font la recette de ce genre sont l’amour, le sexe, le fric, la politique, la religion, la folie, le chantage, l’intimidation, la peur et le mystère.
L’affaire Cehl Meeah est un condensé de tout cela. Un épisode des ‘Milles et Une Nuit’ revu et corrigé à la manière des ‘Feux de l’amour’ assaisonné d’épices politiques avec appels au Très Haut. La réalité dépasse ici la fiction.
Toute cette affaire aurait pu relever du burlesque, d’une comédie de boulevard moderne si le principal protagoniste, en l’occurrence Cehl Meeah, n’était pas un chef politique et religieux et si l’adolescente ne se trouvait pas dans une situation émotionnelle-limite (à voir surtout avec quel zèle des spécialistes veulent l’envoyer à ‘Shutter Island’) et si ses parents n’étaient pas aussi désespérés.
Cette histoire, hélas, se situe à mi-chemin entre Molière et son Tartuffe et André Cayatte et son ‘Mourir d’Aimer’ à l’envers. Cachez donc ces seins mineurs que la morale réprouve pour mieux les découvrir dans le cadre d’un mariage religieux ! Nous avons ici, une adolescente qui découvre ses premiers émois et un homme, à épouses multiples, maîtrisant les textes sacrés à souhait et dont l’expérience et le charisme font de lui, à tort peut-être et involontairement, un prédateur.
Il ne faudrait pas pour autant que quelques excités encagoulés viennent jeter l’huile de la violence et la déraison sur les feux de l’amour.
D’autant qu’on est pas encore sorti de l’auberge ou de l’hôtel ! Car le mystère de la ‘Chambre 216 de l’hôtel Victoria’ s’annonce aussi épais que celui de la ‘Chambre Jaune’ de Gaston Leroux !
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