Publicité

L’heure du choix

28 février 2010, 02:27

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le choix n’est pas aisé. Navin Ramgoolam a d’autant plus de difficultés à se déterminer que tout lui est encore possible. Il est rare qu’un Premier ministre sortant se retrouve dans un tel rapport de forces : il peut reconduire son Alliance sociale et prétendre à la victoire, il peut tout aussi bien conclure un accord avec l’un ou l’autre parti de l’opposition. Sauf que maintenant, il ne peut plus tergiverser ; l’heure du choix est arrivée ; ses alliés potentiels sont au bord de la crise de nerfs. A moins de faire hara-kiri, les partis de l’opposition doivent maintenant savoir où ils en sont.

C’est pourquoi Ramgoolam va devoir se décider rapidement. Il ne pourra pas refaire le numéro d’équilibriste de la place Guy Rozemont. Il n’est pas sûr, d’ailleurs, que cette prestation ait servi à renforcer son image. Elle a donné l’impression d’un chef de parti indécis et confus, cherchant à ménager les uns et les autres, soucieux surtout de convaincre qu’il reste en toutes circonstances le maître du jeu politique.

Pour les électeurs, il eût été plus utile que des questions de fond alimentent les débats publics sur la pertinence des options politiques envisagées par les chefs de parti. Quelles alliances, pour quoi faire ?

Les gens ont deux préoccupations essentielles :d’une part, la protection et l’amélioration de leur niveau de vie ; d’autre part, leur sécurité et leur tranquillité d’esprit.

Si Navin Ramgoolam aborde les prochaines élections en position de force, je crois que c’est largement dû à la bonne gestion de la crise économique mondiale et à la poursuite de la croissance nationale. Ce n’est pas aux Mauriciens qu’on racontera des histoires.Ils savent qu’en dépit de la crise, la performance économique de leur pays a été exceptionnelle.

Tout n’est pas rose pour autant. Le combat pour une plus grande justice sociale et pour l’éradication de la pauvreté est loin d’être gagné. Et puis, il existe de nombreux chantiers inachevés. J’en vois deux prioritaires, pour ma part, et les électeurs voudraient bien savoir comment le prochain gouvernement, quel qu’il soit, se propose de gérer ces grands travaux.

Le premier est de loin le plus important ; si les problèmes liés à l’insécurité grandissante ne sont pas résolus, les conséquences seront dramatiques dans de nombreux secteurs. Le pays est toujours mal organisé pour y faire face. Le combat contre l’insécurité n’est jamais seulement une affaire de police et de répression, or c’est l’essentiel des moyens dont dispose l’Etat mauricien. Et encore, une police mal formée, incapable de déjouer la sophistication des méthodes des bandits soutenus par des réseaux internationaux. Sans parler de la corruption. L’argent de la drogue et du jeu a pourri le système.

Qui fait quoi pour s’attaquer à ces graves problèmes, et avec quel résultat ? Maurice doit être l’un des rares pays au monde à ne pas disposer d’un ministère de l’Intérieur, uniquement parce que depuis quarante ans, les Premiers ministres croient asseoir leur pouvoir en contrôlant la police. En fi n de compte, ils ne contrôlent rien du tout, ni la police ni les bandits.

Deuxième chantier : la cohésion nationale. Elle est en régression. Jamais les stratégies et les discours sectaires n’ont autant eu droit de cité dans le pays. Les organisations racistes et communalistes ont toujours existé, mais leurs dirigeants, honteux et peureux, ont longtemps opéré dans l’ombre et la clandestinité. Ils obtiennent aujourd’hui les honneurs de la République. Si cette dérive se maintient, je sais comment tout cela finira. Ce qui se passera est ce qui s’est passé.

Mais ce qui se passe, ce sont nos chefs politiques qui en décident.

Publicité